A Bunch Of Forest Songs

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(4.6 sur 5) / Seacrest Oy
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Rock Progressif

De toute évidence, Rafael Pacha a consacré sa vie à la musique. Virtuose, entre autres, de tout instrument à cordes pincées ou frottées que l’on puisse trouver ici-bas, fin connaisseur des musiques traditionnelles folkloriques, il est un des musiciens les plus éclectiques et complets qui soient. Le fait qu’il réside à Cordoue, ville aux multiples facettes architecturales qui transcendent les styles et les civilisations sinon les religions, ville de l’intelligence en quelque sorte, n’est sans doute pas un hasard. Pour ce qui concerne la musique dite traditionnelle, il s’inspire volontiers des œuvres de Gwendall, Malicorne, Plantxy, Milladoiro, où abondent les musiques folks en particulier celtiques (irlandaises, bretonnes, … mais aussi galiciennes). Pour le rock progressif c’est du côté de Genesis, Gentle Giant, King Crimson ou Yes qu’il se tourne.

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On le connaît bien sûr pour ses nombreux albums solos (*), mais aussi pour sa participation active dans les Samurai of Prog, et dans le leadership du Guildmaster. La complicité avec Kimmo Pörsti n’est plus à démontrer comme en témoigne leurs participations croisées dans leurs albums solos respectifs, dont évidement celui dont il est question ici, ou encore un récent album sous leurs deux noms, Views From The Inner World. Dans sa discographie personnelle  A Bunch Of Forest Songs fait suite à l’excellent Al Rincón por Soñar. Ici le maître espagnol revisite des œuvres créées sur la période 1999 – 2022, dont les plus anciennes sont considérablement retravaillées pour l’occasion.

On démarre ce voyage à travers l’Europe des musiques folkloriques au son caractéristique et remplies d’harmoniques de la cornemuse irlandaise (uileeann pipe), moins agressive que les grandes cornemuses. La musique irlandaise est sans doute une des musiques celtes les plus connues, et le moins que l’on puisse dire c’est que ce Piper’s Dream inaugural donne l’impression tenace qu’on l’a toujours eu en tête. D’autres morceaux sont d’influence celtique, tel le bien rythmé « Osssian By The Door » et le délicat « Bean Sidhe », ou encore « Piper’s Nightmare » aux sonorités à nouveau bien irlandaises. « Stormchaser » s’inspire quant à lui des fameux et étonnants Waulking Songs des écossais.

Très différente est la danse d’inspiration Basque-Navarre « Akelarre », puissante et déterminée. Puisqu’on parle du Pays-Basque, écoutons « Artañola » et l’étonnant jeu de violon de Juan Arriola, spécialiste de la musique basque, accompagné au bodhran (instrument irlandais). Alors musique basque ou celtique ? Ca n’est pas toujours si simple !

D’autres pièces ne me semblent pas se référer à une origine géographique particulière, comme par exemple la danse médiévale « Dance of Rohan », inspirée des lectures de Tolkien, ou « Inma’s Song », superbe pièce acoustique joliment syncopée dédiée par le musicien à sa compagne. Dans le même esprit « La Mujer del Músico », dont je ne vous ferai pas l’affront de traduire le titre, ni de vous en dévoiler la dédicataire, mêle avec habilité folk et rock progressif. Un inédit qui met en valeur le jeu de guitare classique.

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« Balkan Rashness / Pivo u Staklu », vous fera apprécier la danse bulgare, verre de bière à la main. Modalité et polyrythmie sont également de la partie. C’est superbe ! Un petit tour également du côté de la Scandinavie avec « Kenningar », figures de style propres à la poésie scandinave, consistant à remplacer un mot par une métaphore (merci Wikipedia !).

Si je n’ai absolument pas respecté ci-dessus l’ordre d’apparition des différents morceaux, j’apprécie à titre personnel que « Brocéliande » termine ce somptueux voyage, étant né et ayant vécu une vingtaine d’années aux environs de cette forêt légendaire, du moins cette forêt du milieu de la Bretagne à laquelle on attribue aujourd’hui ce nom. On y trouve notamment le Val sans Retour et bien sûr le mégalithe figurant le Tombeau de Merlin. Le duo Pacha / Pörsti nous donne à entendre une mélopée étrange et mélancolique, et on s’imagine volontiers se promener lentement sous les frondaisons de la forêt magique, peut-être dans l’espoir d’y rencontrer la fée Viviane (Nimué), autrement dit la Dame du Lac.

De la danse, de la joie, de la simplicité, parfois de la force, mais aussi de la mélancolie baignent ces délicates miniatures, peintes avec beaucoup de métier par Rafael Pacha qui s’est fait une spécialité des ces musiques modales « traditionnelles » qui semblent venues du fond des âges. Avec ce magnifique A Bunch Of Forest Songs vous ne regarderez, ou plutôt n’écouterez plus la forêt de la même façon !

(*) https://rafaelpacha.bandcamp.com/

Formation du groupe

Rafael Pacha : Guitares acoustiques et électriques, sifflets, claviers, basse, cura saz, baglama, violon, violon électrique, viole de gambe, percussions, mandoline, bouzouki, riq, tablas, bodhran, - Kimmo Pörsti : Batterie & percussions - Carlos Aragon : pipe Uilleann - Marco Bernard : basse Shuker - Juan Miguel Lopez : Sifflet bas, tuyaux des Highlands - Juan Arriola : Violon - Alessandro di Benedetti : piano à queue, piano électrique, claviers - José Manuel Milan : Violon - Rafael Moreno : flûte traversière irlandaise

🌍 Visiter le site de Rafael Pacha →

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