Bridge To Fiction

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(4.5 sur 5) / Autoproduction
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Rock Progressif

Comment j’ai découvert Mangrove ? Je ne m’en souviens plus … Mais c’était il y a bien longtemps, au milieu des années 2000. Toujours est-il que je découvre l’album Facing The Sunset (2005) et là, le choc : un prog symphonique aux superbes mélodies et aux riches arrangements. J’enchainerai rapidement sur Touch Wood (2004) et quelques années plus tard sur Beyond Reality (2009). Et puis plus rien … et pas facile de trouver de l’info. Il faut dire que le groupe d’Apeldoorn n’a semble t’il que peu communiqué en dehors des Pays-Bas. De mon côté j’ai continué à écouter régulièrement cette somptueuse musique mâtinée d’IQ, de Genesis, d’Arena, et autres ingrédients sonores mis à la sauce hollandaise. Et puis un beau jour … 15 ans après le dernier album … Tout vient à point à qui sait attendre ! Du groupe fondé dans les années 90, ne subsiste que Roland van der Horst, qui pour l’occasion, en plus du chant et de la guitare, reprend les claviers laissés par Chris Jonker.

Côté line-up, Lex Bekkernens et Pieter Drost complètent le dispositif respectivement à la batterie et à la basse. Je note aussi la présence aux claviers d’Ebert Zwart. Non crédité sur l’album, je suppose qu’il intervient sur scène, lors des concerts.

Allez, sans plus attendre, je lance le premier morceau, la piste-titre, qui me cueille à froid sur de puissants tambours tribaux surmontés d’une courte mélodie au xylophone. Inattendu ! Et c’est la voix de Roland van der Horst qui lance cette fois son Bridge To Fiction, accompagné par les mélismes du violon. Plus loin le chant reprend sur des accords répétés rapidement à l’orgue. Il y a du U.K. / Danger Money dans ce premier morceau ! De nombreux breaks instrumentaux savoureux et ruptures rythmiques viennent peupler ce premier long et excellent morceau. Pas de doutes, Mangrove est de retour.

Contrairement à ce qui précède, « Reflections », se complait dans une atmosphère un peu sombre et par moments assez lourde. De nouveau les sonorités de violon apparaissent. Une nouveauté car autant qu’il m’en souvienne, point de violon dans les albums précédents. Amené par un motif de basse, le break instrumental central change l’orientation du morceau vers quelque chose de plus lyrique, tout en restant sombre.

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« Stay » est indéniablement plus léger et la rondeur naturelle de la flûte y contribue évidemment. A noter l’excellent solo de guitare final. Une fusée jazz-rock, « Chasing Something » vient nous secouer avec ses fulgurances et son groove. Cela me remet en tête le son du groupe français Priam qui œuvrait il y a plus de 20 ans … Voilà qui ouvre de nouveaux horizons musicaux à Mangrove !

Il y a une sorte de contradiction entre le titre du morceau qui suit, « A Touch Of Light », et les sonorités oppressantes et parfois grinçantes qui surgissent de ce long morceau instrumental. Nulle lumière ici, du moins dans la première moitié. Et puis soudain, les riffs lourds disparaissent et les harmonies s’adoucissent et je retrouve quelques enchainements d’accords assez caractéristiques du groupe. La lumière reste tout de même largement occultée et ne sera pleinement retrouvée que dans le « Raindrops Falling », d’inspiration genesienne. Un peu de douceur acoustique avant d’aborder les quasi 25 mn de l’épopée finale !

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Les longs morceaux, Mangrove sait parfaitement les agencer et les mener à bien, j’en veux pour preuve les précédents albums qui en offrent de magnifiques exemples. « A Call To Arms » débute sur un mode un peu angoissant avec ses harmonies énigmatiques aux cordes. Débute alors une longue marche ponctuée par la litanie du violon qui sera ensuite reprise par la guitare. Au 2ème tiers les sonorités changent progressivement et la musique passe en mode majeur (10’48). Ce passage très poétique et harmonieux est un des moments forts de cette grande suite. Peu avant les 16’, les accords répétés de l’orgue viennent briser ce long moment onirique et nous amener peu à peu vers une fin grandiose et très cinématographique. Quand je vous disais que les longs morceaux, Mangrove sait faire ! Cette épopée parfaitement orchestrée en est une belle démonstration.

Si le groupe a évidemment évolué au cours de son histoire, Bridge To Fiction, qui vient clore une période de 15 ans sans album, contient les fondamentaux qui m’avaient fortement attirés à l’époque, à savoir un prog symphonique ambitieux, aux harmonies superbes. Je vous engage vivement à découvrir le groupe via sa page web et son site Youtube (*), en attendant de retrouver très prochainement cet album et toute la discographie sur Spotify. Voilà une excellente nouvelle tant la musique de Mangrove mérite de prendre la lumière !

Formation du groupe

Roland van der Horst : guitares, chant, claviers - Lex Bekkernens : batterie, chant - Pieter Drost : basse

🌍 Visiter le site de Mangrove →

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