Mannequin

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(4.5 sur 5) / White Star Records
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Rock Progressif Synth pop

Si vous avez bien connu les années 80 et 90, certaines sonorités présentes dans ‘Mannequin’ devraient vous sembler familières. En effet, le groupe britannique Kyros a fait le choix d’aller piocher des sons synthétiques qui étaient légions ces années-là, et de les mélanger avec un rock progressif de touche plus contemporaine. On trouvera également dans ce disque foisonnant et intriguant d’autres genres, mais l’ensemble conserve une cohérence basée sur une solide écriture et une production haut de gamme.

Je vous ai vendu des synthés années 80…c’est raté sur “Taste the Day, petite douceur mélodique à l’ambiance acoustique, qui ne présage pas du tout de ce qui va suivre. Et dès “Showtime”, on y est : synthétiseurs, basse, percussions, cuivres, etc…une impressionnante démonstration instrumentale des capacités du groupe à jouer une musique complexe mais qui n’oublie pas la mélodie. Ce titre aurait parfaitement fait l’affaire en guise de musique de générique d’une série américaine des années 80 du type “Miami Vice”.

Écoutez ce son de batterie plein de reverb qui ouvre “Illusions Inside”, j’y trouve un goût de “Drive”, le tube de The Cars. Et la suite du titre reste dans cette veine un poil nostalgique années 80 servie par des sons de synthétiseurs, des plans de basse ou des chœurs tout à fait raccords. On pousse encore le curseur avec l’extraordinaire “Esoterica” qui est baigné de folie électronique soutenu par une rythmique très “straight” Rock. Le début m’a fait songer (je serai certainement le seul à avoir cette référence) à l’électro punk 80s déjanté de Sigue Sigue Sputnik. Le titre se développe ensuite sur un terrain de type “Genesis-ien” jusqu’à aboutir à un refrain pop/dance digne des plus grands tubes des années 90. C’est sans cesse changeant, que ce soit en termes de sons, de rythmes ou de tonalités, mais retombe toujours sur ces pattes pour un morceau finalement assez accessible.

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Et si Stock, Aitken et Waterman, plutôt que de débiter de la bouillie sonore en tube, avaient monté un groupe de Rock Progressif? Et bien cela aurait peut-être au final sonné comme “The End in Mind”, dont la complexité instrumentale (ce pont…) tranche avec l’apparente simplicité de sa mélodie vocale.

Retour à la musique instrumentale sur “Digital Fear” qui évoque les Bandes Originales de Blockbusters des années 80 de type “Blade Runner”, et prend une forme d’hommage à Vangelis.

Petit bond dans le temps avec “Ghosts of You” qui nous installe dans la fin des années 80, début des années 90 lorsque la scène musicale était dominée par les sonorités New Jack Swing. Le titre est agrémenté d’un solo Rock du plus bel effet, et peut même rappeler le New Power Generation de Prince par certains moments.

Les synthés sont largement de sortie sur “Liminal Space”, à nouveau un tube de 1986 sorti en 2024, sur lequel on trouve également des parties de cuivres inattendues.

Comme dans chacun de leur précédent album, il y a un “Technology Killed the Kids”. Le “IV” ce coup-ci, épic de plus de 7 minutes qui varie sans cesse les ambiances. Le titre le plus Prog du disque (avec le suivant), passionnant à écouter, mais impossible à décrire… De durée sensiblement similaire, le dernier titre “Have Hope” affiche une même ambition : rythmiques complexes, soli enflammés, démonstrations de maîtrise instrumentale, mélodies raffinées, pour un résultat pas immédiatement accessible mais impressionnant.

Dans le même ordre d’idée que ce qu’avait proposé Voyager avec ‘Fearless in Love’ il y a quelques mois, à savoir le mariage réussi d’une pop synthétique et d’un métal progressif, Kyros intègre habilement les éléments Synth Pop très marqués années 80 à son Rock Progressif de nature ambitieuse. Le résultat évoque par instant Yes, Frost*, Depeche Mode, Haken ou Rush pour ne citer que quelques groupes, et de manière plus générale tout un pan de la musique populaire des années 80, période pendant laquelle le synthétiseur dictait sa loi. Au final, ‘Mannequin’ constitue une des belles surprises de ce début d’année 2024, qui en connaîtra bien d’autres, espérons-le.

Formation du groupe

Shelby Logan Warne : Voix, Claviers - Joey Frevola : Guitares - Charlie Cawood : Basse - Robin Johnson : Batterie - Musiciens additionnels : Dominique Gilbert : Voix (3) - Canyo Hearmichael : Saxophone (4)

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