Titres
- Young Mother (5:55)
- Back Street Luv (3:38)
- Jumbo (4:11)
- You Know (4:11)
- Puppets (5:26)
- Everdance (3:08)
- Bright Summer's Day 68 (2:54)
- Piece of Mind (12:52)
Le 9 Septembre 1971 paraissait chez Warner Bros, le « second album » de Curved Air’.
Faisant suite à l’éphémère groupe estudiantin Sisyphus, cette formation originaire de Londres s’articulait autour du claviériste & guitariste Francis Monkman et du violoniste Darryl Way, deux musiciens virtuoses de formation classique (venus respectivement des prestigieux Royal Academy & Royal College Of Music) entourés par la section rythmique Rob Martin/Florian Pilkington-Miksa. Ils furent rejoints par la chanteuse Sonja Kristina venue d’un univers folk, proche de Sandy Denny qu’elle avait brièvement remplacée au sein des Strawbs, mais s’était surtout faite remarquer dans la pièce musicale ‘’Hair’’ (1968) emblématique du mouvement hippie.
Curved Air tirait directement son nom de l’album culte de Terry Riley ’’A Rainbow in Curved Air’’ paru l’année précédente. Ils signèrent d’emblée chez Warner Bros (excusez du peu), pour ‘’Airconditioning’’ (1970), un premier opus qui, au delà de la surprenante image (le nouveau ‘Picture-disc’) illustrant la surface du vinyle, présentait déjà d’indéniables qualités. Ce répertoire associait un rock post-psychédélique aux accents tour à tour bluesy, folk ou expérimental, à un registre classique, notamment baroque à l’instar d’Antonio Vivaldi, véritable muse de Darryl Way qui fut, au demeurant, l’un des tout premiers violonistes (après John Cale pour le Velvet Underground) à introduire cet instrument dans l’univers du rock.
A l’exception du bassiste Rob Martin remplacé par Ian Eyre, ce fut avec le même line up que se retrouva le quintette aux Studios Island l’année suivante pour l’enregistrement de ce second album. Sous une pochette sobre à l’exception d’un semblant d’arc en ciel, réminiscence probable de l’album de Terry Riley précité, ces huit nouvelles plages révélaient dès leur première écoute, une musique plus mature, plus fouillée et dense que sur la précédente galette. De la même manière que sur l’album qui allait suivre, Darryl Way et Francis Monkman se partageaient l’écriture de ce répertoire à raison d’une face d’album chacun (la première pour Way et Monkman pour la seconde).
‘’Young Mother’’ ouvrait l’album dans une agréable pop aux accents psychédéliques, et où le chant sensuel de Sonja Kristina était majoritairement accompagné par les claviers que Francis Monkman privilégiait, comme sur l’ensemble du disque, à la guitare, dans de belles interactions avec le violon. Entre ses boucles mélodiques répétitives, , ses nappes et son appui à la rythmique, le synthétiseur VCS3 occupait l’espace de toute part. Dans un registre similaire, l’entrainant ‘’Back Street Luv’’, était le single promotionnel paru en Juillet. Ce 45 tours comprenant en face 2 le sixième morceau ‘’Everdance’’, allait rapidement accrocher la 4ème place dans les charts anglais (la 11ème pour l’album). Puis le violon et les couches de synthétiseur et claviers donnaient une profonde dimension orchestrale à la délicate ballade ‘’Jumbo’’. Nous pouvions ensuite être surpris par ‘’You Know’’ porté par un rythme latin et se refermant sur un solo enlevé de Francis Monkman à la guitare électrique.
La rythmique était plus tribale avec l’appui des percussions sur ‘’Puppets’’, une pièce diaphane à la fois amusante et énigmatique. Sur ‘’Bright Summer’s Day’’ la troisième plage ‘pop psychédélique’’ du disque, le chant expressif de Sonja Kristina était magnifié par les textures orgue/violon/guitare électrique. ‘’Piece Of Mind’’, le morceau le plus long, raffiné, complexe et savamment arrangé par Francis Monkman, refermait l’album dans le souffle épique de 12 minutes absolument jubilatoires. Démarrant dans une ambiance cinématique (sous la patte, rappelons le, d’un futur compositeur de B.O de films) et des textures orchestrales, les paysages sonores se faisaient classicisants dans les parties lyriques de violon et piano, voire jazzy entre la 7ème et la 8ème minute, et suivis d’une séquence de tension/résolution légèrement saupoudrée de sons électroniques et de disgressions, sur une touche finale légèrement expérimentale.
L’année suivante, Curved Air poursuivait sa phase ascensionnelle avec ‘’Phantasmagoria’’, souvent considéré comme le plus abouti, mais marquant la fin de ce premier line-up qui verra Darryl Way partir pour former Wolf, suivi de Francis Monkman, que les fans de rock progressif retrouveront au milieu des années 70 au sein de Sky. Dans cette saga, en quête d’un violoniste, Sonja Kristina trouvera en 1973, un diamant brut en la personne du jeune virtuose Eddie Jobson, le temps d’un album, ‘’Air Cut’’, avant le retour des deux cofondateurs à partir de la fin de l’année 1974.
‘’Second Album’’ fut réédité en 2020 pour l’Europe (Esoteric Records) en CD + DVD comprenant sur le CD le répertoire remasterisé par Francis Monkman et 5 titres bonus, et sur le DVD, 13 plages (dont 3 enregistrements télévisuel (film promotionnel de la Warner) en 1971, 4 en Live à Paris le 6 juillet 1971 et trois autres titres sur ‘’Beat Club’’ -Radio Bremen TV Session- en Septembre 1971)
Formation du groupe
Sonja Kristina : chant - Francis Monkman : guitare solo, claviers, synthétiseur VCS3 - Darryl Way : violon électrique, piano (5), chant - Ian Eyre : basse - Florian Pilkington-Miksa : batterie
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