Dawnbreak

Par

(5 sur 5) / Autoproduction
Categories
Rock Progressif

Dawnbreak est le 3ème album de Chris Engels alias Cen-ProjekT … de l’année en cours ! Sans signe de ralentissement dans son ardeur créatrice, le multi-instrumentiste n’en est pas moins innovant et le précédent The Story Of Enya l’avait brillamment démontré sur une musique plus expressionniste qu’à l’habitude et un large emploi de la voix féminine. Après cette exquise incursion dans l’heroic fantasy, ce nouvel album revient à l’exploration de thèmes existentiels, très présents dans ses premiers album. Il sera ici question de mortalité, force intérieure, justice, inégalités sociales et plus globalement des mystères de l’univers (et il y en a !). Voilà qui semble austère au premier abord, mais on peut faire confiance au musicien qui a toujours évité dans son œuvre les émotions violentes ou l’agressivité pour ne garder qu’un discours musical optimiste et serein, ce qui n’exclut pas les atmosphères mélancoliques. Comme vous allez le découvrir, l’innovation réside ici clairement dans le style musical utilisé, résolument symphonique, offrant des passages plus typés et contrastés qu’à l’accoutumée et une expression vocale renouvelée et qu’on ne lui connaissait pas. Au fil des morceaux nombre de grands noms du rock progressif viendront à l’esprit.

Côté musiciens, Horst Becker (piano, claviers) et Wolfgang Kropf (basse), participants actifs du Cen-ProjeckT sur scène, sont ici explicitement nommés, ce qui aux dires du compositeur apporte son lot de nouveautés sonores aux compostions.

image

Dès la première minute de « Aging’s Burden A Heavy Theme » on entre dans ce que je décrivais plus haut : musique symphonique très typée, située quelques part entre Genesis et Jethro Tull. Cela surprend, mais dans le meilleur sens du terme, et l’occasion d’entendre un renouveau vocal assez étonnant. Pour évoquer le fardeau de vieillesse la musique se fait âpre et n’hésite pas à lorgner du côté du hard rock. Un écho musical au fameux Ô vieillesse ennemie !, clamé il y a déjà quelques siècles par un certain Don Diègue. On retrouve les mêmes ingrédients musicaux que précédemment dans le sombre « Journey Through Twilight ». Cela démarre par une obsédante note de basse, puis une guitare électrique énonce une courte incise un peu orientale, et la voix de Chris s’empare du premier couplet, avant le déchainement du refrain. Il y a du Saga dans ce morceau.

image
Chris Engels

« In The Realm Of Eternal » est d’une sonorité plus apaisée pour évoquer la ‘chute’ du temps qui débouche donc sur l’éternité. Une lumière automnale éclaire ce morceau qui demeure somme toute assez concis, évitant le piège de la célèbre boutade : l’éternité c’est long, surtout vers la fin … « Labyrinth Of Dreams » adopte un ton grandiose et déclamatoire, que je rapprocherais de Kansas. Quant à « Feel The Light » j’y retrouve l’esprit et les couleurs du YES d’antan, période Time And A Word. Plus intime et pastoral, « Elenore » se rapprocherait plutôt de Genesis ou d’Anthony Phillips.

Pour la piste-titre, Dawnbreak, Chris Engels renoue avec son style « classique », en particulier vocal. Magnifique ! « Cosmic Echoes » est une ballade très poétique dans un style solaire rappelant également YES, avec une nouvelle fois un refrain superbe. « Celestial Journeys » nous maintient dans les hauteurs célestes que nous avions atteintes lors du précédent morceau. « Q » est un morceau instrumental, élément rare sinon unique dans la discographie du Cen-ProjekT, qui nous donne une atmosphère joyeuse dont le côté bucolique est rehaussé par l’emploi de la guitare acoustique.

Le morceau final, « Neverland’s Child » est d’une verve juvénile et bondissante, normal dès qu’il s’agit d’évoquer Peter Pan et Wendy. Voici de nouveau une musique très expressive et rythmée. Avant la coda, un court break stoppe pour quelques instants la course musicale effrénée. Quelques superbes accords au Mellotron et cela repart de plus belle. Nous avions démarré l’album sur la vieillesse, nous le terminons sur la jeunesse !

Avec Dawnbreak (*) le très talentueux multi-instrumentiste allemand poursuit de main de maître son expression musicale. Evoluant depuis le précédent album vers une musique plus complexe et symphonique, quittant (provisoirement ?) les compositions psychédéliques, le musicien n’en oublie pas pour autant de peaufiner les mélodies et d’orchestrer avec le métier qu’on lui connait son discours musical. Il est clair que Chris Engels continue d’évoluer et d’expérimenter, pour notre plus grand bonheur. C’est peut-être là que réside le secret de l’éternelle jeunesse (musicale) ?

(*) https://cen-projekt.bandcamp.com/album/dawnbreak-2

Formation du groupe

Chris Engels : multi-instrumentiste, chant - Avec :: Horst Becker : piano, claviers - Wolfgang Kropf : basse

🌍 Visiter le site de CEN-ProjekT →

Partager cette critique

👇 Recommandé pour vous

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *