Welcome To The Planet

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(4.1 sur 5) / English Electric Records
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Rock Progressif

Difficile sinon impossible de parler de ce Welcome To The Planet sans évoquer la disparition récente et brutale d’un homme bien trop jeune pour rejoindre les Prairies Eternelles, fussent-elles peuplées de musique. Depuis la fin des années 2000 David Longdon était bien sûr The Voice de Big Big Train, et certainement bien plus…

J’avais particulièrement apprécié le précédent Common Ground d’une très belle musicalité, avec sa riche instrumentation et sa musique optimiste et éclectique. Optimisme ? On s’en aperçoit très rapidement avec « Made Of Sunshine » dont la musique ne saurait mentir à son titre : une ballade enjouée en tonalité majeure, avec une musique très mélodique constamment rehaussée par les cuivres, assez pop-rock dans son esprit. ça paraît un peu simple, mais amusez-vous à décomposer le rythme : 3+3+3+2, pas mal non ? Excellent groove en tous cas.

Pour « The Connection Plan » une ligne de basse judicieusement syncopée (Gregory Spawton) et un violon échevelé et au phrasé en notes détachées (utilisé par Clare Lindley non pas en soliste mais en complément à la rythmique) accompagnent David Longdon. La musique a indéniablement gagné en intensité dramatique. « Lanterna » démarre dans une ambiance doucereuse et mélodieuse, avec chœurs. Après cette intro qui m’a fait penser aux Bee Gees (qui s’y connaissaient en belles mélodies), la musique prend une toute autre dimension : une rythmique et un chant assez volontaires, en arrière-plan un piano qui déploie de temps à autre quelques fulgurances virtuoses, et au bout du compte une nouvelle pièce très optimiste et lumineuse. On appréciera la délicatesse du chant de Longdon magnifiquement accompagné à la guitare acoustique dans la courte ballade « Capitoline Venus ».

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« A Room With No Ceiling » est un intermède instrumental inventif composé par Rikard Sjöblom, avec ses petites touches jazz-rock, et son motif répétitif à l’orgue avec un toucher en « gouttes d’eau » du plus bel effet. « Proper Jack Foster » c’était d’abord un EP éponyme sorti en novembre 2021, en compagnie des trois premières pistes du présent album. Ce sont des souvenirs d’enfance de Greg Spawton évoqués sur un tempo très enjoué, avec violon, cuivres, une belle alternance de vocaux masculins et féminins. Changement considérable de style pour une pièce électro de Nick D’Virgilio, « Bats in The Belfry », gentiment décalée avec sa ligne de basse inquiétante, les envolées de cuivres, les guitares distordues qui semblent symboliser le vol désordonné des chiroptères entre les murs d’un beffroi. Pour la coda un solo de batterie sur basse continue électro en rajoutent sur le côté étrange et décalé.

« Oak And Stone » nous ramène à une nouvelle ballade très mélodieuse, mais avec un jeu de piano et une rythmique plutôt d’inspiration jazz-rock (basse acoustique ?) qui donnent un supplément de vie à la ligne de chant mélancolique mais très aérienne et finalement sereine. Pas de doutes David Longdon a atteint les plus hautes altitudes célestes et les harmonies finales prennent un air de Musique des Sphères. Rétrospectivement, cette piste eût été une fin parfaite … Ce qui n’enlève rien aux grandes qualités de l’ultime morceau, la piste-titre, qui est sans doute la plus élaborée musicalement. On démarre sur une véritable musique de film grandiose façon péplum, avant de passer à un passage chanté assez crooner, et puis le thème principal se met en place sur de larges harmonies assez graves et de lents accords répétés au clavier qui servent de guide à la flûte et à la voix de Carly Bryant. Les étranges chœurs et leurs lancinants Welcome donnent une atmosphère très particulière à la musique. Alors que le temps semble aboli, une belle transition vient apporter syncopes, piano jazz et ragtime et puis un véritable chœur gospel ! Une note grave tenue quelques secondes et la délicate voix féminine reprend le thème du départ et nous laisse en suspens sur un ultime soupir. En voilà un morceau dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est surprenant et inattendu, mais remarquablement écrit.

Comme sur l’album précédent, bien qu’assez différent, Welcome To The Planet dispense une musique aux ambiances très variées et d’une élégance rare. Peut-être pourrait-on reprocher un léger manque d’aspérités ? En tout état de cause, la route déjà longue de Big Big Train se dote d’un jalon intéressant sur un parcours dont on saurait dire aujourd’hui où il va nous mener, eux seuls le savent !

Formation du groupe

David Longdon : Chant - Gregory Spawton - Basse - Rikard Sjoblom : Guitares, claviers, chant - Nick D'Virgilio : Batterie, chant - Carly Bryant : Claviers, chant (9) - Dave Foster : Guitares - Clare Lindley : Violon

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