Bernard and Pörsti (The Samurai Of Prog) - La Tierra

Un gros semestre après la sortie de l’excellent « Gulliver », Marco Bernard et Kimmo Pörsti, deux des trois Samurai Of Prog, remettent ça avec « La Tierra ». Tiens donc, un titre en espagnol, pourquoi pas. Deuxième surprise, une pochette qui s’affranchit du style habituel des récentes pochettes des Samurai… C’est pas fini : les 6 pistes de l’album sont également titrées et chantées en espagnol. J’avoue ne pas connaître la langue de Cervantès (j’ai fais allemand deuxième langue …), j’arrive quand même à comprendre les titres, mais hélas pas le chant ! Qu’à cela ne tienne, Vamonos !

Le régal symphonique commence avec « Vuelo Sagrado » – piano, violon, musique puissante et héroïque, superbe chant féminin. « El Error » débute lui aussi sur un rythme soutenu et un joli thème assez simple mais bien harmonisé au piano, et puis apparaît la flûte de John Hackett qui introduit une nouvelle belle vocalise féminine. Le rythme rapide s’interrompt brusquement pour laisser place à un moment suspendu avec ses accords lents au piano qui débouchent sur un étrange rythme assez pesant qui va nous emmener jusqu’à la fin.

Composé par le pianiste italien Oliviero Lacagnina, « Voz de Estrella que Muere » avec son intro sur flûte indienne et le chant en espagnol, déploie un lyrisme dont les italiens ont le secret ! Bel exemple de cosmopolitisme musical.

« Ansia De Sonar » réserve quelques passages assez rêveurs, titre oblige, et la flûte de John Hackett et le chant masculin assez aérien y contribuent pleinement. La musique réserve aussi des temps forts bien marqués à la basse et à l’orgue, et la fin est franchement symphonique.

« Canción desde la Caravana », composé et joué au piano solo par David Myers, dans un style néo-classique avec un thème ample et noble, un bel usage de syncopes et d’harmonies raffinées…tout cela me rappelle l’univers de certaines ballades pour piano de Gabriel Fauré.

Et nous voici arrivés à la fin de l’album. Enfin pas tout à fait, puisque le titre éponyme va dérouler les 30’ d’un véritable concerto pour prog band, en 3 mouvements d’à peu près 10’ chacun, composé par Jaime Josas ! « Los Gentiles » nous prend directement par les sentiments avec un thème d’intro ample et lyrique et souhait, et puis on passe en mode allegro, et c’est l’orgue qui officie principalement. Un dernier staccato à l’orgue laisse place à « Sol », traité en adagio. On y entend notamment un passage au sax. « Adios a la Terra », sorte d’allegro furioso, qui se transforme ensuite en un long passage central très contemplatif, et puis l’orgue et la voix repartent dans les tours. On quitte définitivement la Terre sur des accords lointains au synthé qui reprennent le thème du tout début.

6 pistes, 6 compositeurs différents, une pléïade d’excellents musiciens : variété et inventivité assurées, sans parler de la musicalité de cette magnifique langue espagnole ! La marque de fabrique des Samuraï (*) s’impose une fois de plus dans cette belle réussite musicale !

(*) A propos des Samuraï of Prog, la présente chronique n’a pas encore eu le temps de refroidir que je découvre qu’un nouvel album intitulé « Beyond The Wardrobe » est déjà sur le point de sortir … Ca n’arrête pas… Je vais me plaindre auprès des représentants syndicaux de ProgCritique…

Formation du groupe

Marco Bernard : basses Rickenbacker et Shuker - Kimmo Pörsti : batterie et percussions - Avec: Eduardo G. Salueña: piano, orgue, Mellotron, synthés - Ariane Valdivié: chant - Rubén Álvarez: guitares électriques et acoustiques - José Manuel Medina: arrangements orchestraux - Steve Unruh : violon - Alessandro Di Benedetti : claviers Rafael Pacha: guitares acoustiques et électriques - John Hackett: flûte - Oliviero Lacagnina: claviers - Marc Papeghin: cor et trompette - Octavio Stampalìa: claviers - Marcelo Ezcurra: chant - Pablo Robotti: guitares - David Myers: Grand Piano - Jaime Rosas: claviers - Jaime Scalpello: chant - Rodrigo Godoy: guitares et chœurs - Marek Arnold : sax