Seven Chambers

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(4.4 sur 5) / ProgRock.com's Essentials
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Rock Progressif

La lointaine Australie est le berceau d’un groupe né dans les années 90, Unitopia, qui s’est développé sous la houlette de Mark Trueack et Sean Timms, et s’est illustré au travers de 4 albums échelonnés entre 2005 et 2012. Et puis plus rien … du moins jusqu’à récemment et la belle surprise que constitue ce Seven Chambers. Contrairement à ce que pourrait laisser penser l’illustration de l’album ainsi que son titre, il n’est pas ici question d’un précis d’anatomie du muscle cardiaque et de ses cavités, mais bien de 7 morceaux, dont le cœur n’est pas absent ! Côté line-up, John Greenwood tient les guitares. On note aussi, excusez du peu, Steve Unruh le Samurai américain du prog, Chester Thomson, batteur dans d’innombrables formations de légende (Zappa, Weather Report, Genesis, …), et le bassiste virtuose de jazz fusion Alphonso Johnson, qui a joue également dans les plus grandes formations. Quelle rythmique ! Par ailleurs, on connait aussi la collaboration de Mark et Steve dans le United Progressive Fraternity. Un petit mot sur notre guitariste d’origine anglaise : le Pr. John Greenwood, docteur en médecine, a été entre autres directeur du centre des brûlures du Royal Adélaïde Hospital !

« Broken Heart », dont le sens est semble-t-il à prendre au premier degré, crise cardiaque quoi, est un prog hyper mélodique qui nous fait (re)découvrir la voix de Mark Trueack, d’une superbe éloquence musicale. Le refrain, grandiose et lumineux, me fait penser aux meilleures réalisations de Lifesigns. Le break central introduit par la piano, laisse chanter une mélodie plus apaisée dans laquelle violon et guitare restent en léger retrait, avant une fin toute en révolte ! « Something Invisible » évoque les problèmes de santé parfois graves, et pas nécessairement décelables à l’extérieur. La musique toujours très mélodique, se veut plus mélancolique mais reste positive et au final assez émouvante.

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« Bittersweet », moins amer que ne laisse entendre son titre, se veut d’abord calme balade pastorale avec flûte, violon et guitare acoustique, avant de devenir … du rap / hip hop entrelacé de riffs jazz-rocks. Inattendu, pour le moins ! Première épopée de l’album, « Mania » se complait dans une certaine lourdeur / pesanteur instrumentale, survolée par le chant toujours très mélodique et lumineux de Mark Trueack, en particulier dans le refrain. La section centrale nous vaut un petit passage au Vocoder, avant un final délirant en roue libre où chaque musicien s’émancipe et semble jouer indépendamment des autres. Un puissant I’m flying met fin à cette étonnante course musicale. Une nouvelle balade, « The Stroke of Midnight », met principalement en scène le violon toujours très expressif de Steve Unruh, accompagné au piano. La section finale, introduite à la guitare acoustique, est de toute beauté.

Les quasi 20’ d’ « Helen » sont consacrées à l’évocation d’Helen Taussig, pédiatre et cardiologue américaine, devenue totalement sourde, ce qui ne l’a pas empêché de briller dans son métier. Cette grande fresque musicale n’est pas sans rappeler les remarquables monuments d’un Big Big Train. Une première partie ample et lyrique, fait place à une guitare acoustique hispanisante qui lance un passage vocal plus rythmé. Le passage central, marqué par une basse qui lance imperturbablement ses deux battements de cœur, aborde une atmosphère plus étrange. Vient la reprise du chant sur un très beau balancement ternaire avec une ambiance de musique de chambre, et puis une fin apaisée et aérienne nous dépose avec douceur à l’orée du dernier monument de l’album. « The Uncertain » nous le fait d’abord folk avant de passer en mode hard rock. Ce n’est pas mon passage préféré, mais la lumière revient avec le violon de Steve qui donne un air de Kansas à cette partie musclée. Psychédélisme et sonorités à la Doors prennent le relai, et puis le violon propulse l’ensemble vers les hauteurs. Une nouvelle section en forme de danse tribale assez débridée amène à la conclusion : un simple chant accompagné à la guitare acoustique, propice au recueillement.

Pour cette reprise après un long silence, Unitopia et son Seven Chambers (*) se veulent ambitieux et enthousiastes, bien que le thème global de la santé ne l’y prédisposait pas a priori. Que voulez-vous, nous vieillissons toutes et tous, mais la musique d’Unitopia, mélange réussi de prog théâtral et mélodique nous rend optimiste malgré le temps qui passe et les vicissitudes qui vont avec. Il y a effectivement beaucoup de cœur dans cet album, et aussi une belle science musicale et instrumentale !

(*) https://unitopia.bandcamp.com/album/seven-chambers-16-bit

Formation du groupe

Mark Trueack : chant - Sean Timms : claviers - John Greenwood : guitares - Steve Unruh : flûte, violon - Chester Thompson : batterie - Alphonso Johnson : basse

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