A Speedways on Saturn's Rings

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(3.5 sur 5) / Cleopatra Records
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Fusion Jazz-Rock Rock Progressif

The Fusion Syndicate est un projet qui a vu le jour en 2012 sous l’égide de Billy Sherwood. Le premier album, entièrement écrit et produit par le bassiste de Yes, nous avait offert plus de 50 minutes d’un jazz rock fusion exclusivement instrumental, mâtiné de quelques touches de prog, et dont la particularité était d’être joué par une liste impressionnante de virtuoses, parmi lesquels figuraient, pour n’en citer que quelques-uns, les illustres Billy Cobham, Jay Beckenstein, Billy Sheehan, Gavin Harrison, Derek Sherinian, Eric Marienthal, Randy Brecker, Steve Hillage, Jordan Rudess, Mel Collins ou encore Rick Wakeman etc… Bref, une réunion de talents absolument inédite à ce jour, à faire pâlir d’envie un certain Leslie Mandoki (et son projet ManDoki Soulmates).

Nouvelle décennie, nouvelle donne. C’est l’excellent guitariste (et producteur) américain, Fernando Perdomo qui reprend le flambeau et ressuscite le projet, un artiste qui nous avait entre autres particulièrement enthousiasmé au travers de sa première collaboration avec Carmine Appice sur l’album Energy Overload. A l’instar de Billy Sherwood, il se pose ici en véritable maître d’œuvre de ce second opus. En effet,  il a non seulement écrit la quasi globalité des compositions, assuré presque intégralement la production mais joue également de la guitare rythmique sur chacun des titres, constituant ainsi la colonne vertébrale de cette nouvelle version de The Fusion Syndicate aux côtés du batteur Chester Thompson  (Zappa, Weather Report, Brand X) et du bassiste Jah Wobble (PIL). La touche finale est apportée par les différents prestigieux invités venant compléter le line-up et insuffler leur propre dynamique aux compositions, certains participant pour la toute première fois à ce projet. Et si, par conséquent, on note une constance dans le principe directeur entre les deux albums, force est de constater que ce second chapitre, au très bel artwork, a le mérite de nous offrir un disque non seulement beaucoup plus varié mais également plus accessible, évitant l’écueil de la monotonie, voire de la lassitude, dimensions parfois ressenties à l’écoute du tout premier essai, nonobstant les performances remarquables des différents musiciens.

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Fernando Perdomo

Parmi les compositions qui se distinguent, on note tout d’abord le vibrant hommage rendu au légendaire chanteur et poète américain Gil Scott-Heron, avec une très belle reprise de « The Bottle », cet excellent titre au texte non moins remarquable qui abordait l’impact sociétal de l’alcoolisme. Et c’est Brian Jackson  lui-même, compagnon de route et précieux collaborateur du défunt Gil Scott Heron, que l’on retrouve derrière les claviers, auquel se joignent le haut en couleurs chanteur funk Boosty Collins (Parliament) et le légendaire batteur Carmine Appice (Vanilla Fudge). Le tempo légèrement ralenti par rapport à l’original permet d’accentuer la dimension dramatique du titre, contrastant avec l’apparente légèreté de la mélodie.

Une autre très belle surprise de ce disque tient à la présence du guitariste américain Chris Poland, plus particulièrement connu pour sa collaboration le temps de trois albums au groupe de trash-metal Megadeth. Le musicien, au style très expressif et précis, revient à ses premiers amours, profondément ancrés dans l’univers jazz-rock, pour nous offrir une partition époustouflante sur « Planet 15 ». Une preuve supplémentaire  que les grands artistes ne restreignent pas leurs expériences musicales à des territoires délimités et savent transcender les genres pour leur plus grand plaisir et…. le nôtre!.

C’est aussi avec un bonheur indicible que l’on retrouve Rick Wakeman, le maître ès Moog, sur le titre « IO ». Un déferlement majestueux de plus de six minutes qui évoque son splendide travail sur l’album The Red Planet. Le thème n’est pas profondément marquant mais cette exubérance est d’autant plus appréciable que son dernier album solo (A Gallery of the Imagination) était loin de nous avoir convaincus.

Et, tout autant appréciée, la leçon magistrale de celui qui demeure, sans conteste, l’un des plus grands guitaristes de jazz fusion au monde, le volubile Al Di Meola  (Return Forever, ManDoki Soulmates) sur le titre d’ouverture de l’album, « A Speedway On Saturn’s Rings ».

Deux autres interventions retiennent également l’attention. En premier lieu, celle du guitariste vétéran néerlandais Jan Akkerman (Focus) sur « Blasting Off », une composition au titre non usurpé au regard de l’énergie déployée avec ce long crescendo à mi-parcours. Puis, dans un même état d’esprit, celle de Angelo Moore, fondateur du légendaire groupe de funk-metal Fishbone, qui nous convie à un périple de saxophone presque free et assez déjanté, associé au guitariste Ron « Thal » Bumblefoot (Sons of Apollo, Guns n’ Roses), tout au long de « Escape from the Black Hole », morceau agrémenté d’un magnifique final.

Certains titres enfin sont, en revanche, plus quelconques. C’est le cas du mid-tempo qui clôture l’album, nouvelle collaboration à ce projet du pourtant très doué guitariste Steve Stevens (Billy Idol, Vince Neil). Ou de la composition sur laquelle intervient le saxophoniste flûtiste français Didier Malherbe (Gong, Hadouk).

Point extrêmement positif, la version CD de l’album propose des remixes de quatre titres extraits du précédent LP, dont le classieux « Random Acts of Science » et le superbe « Molecular Breakdown », sur lequel on retrouve Jay Beckenstein,  l’extraordinaire saxophoniste alto de Spyro Gyra (aux tonalités très lumineuses), aux côtés, ni plus ni moins, des pointures que constituent Billy Sheehan et Gavin Harrison. L’occasion si vous ne possédez pas le premier opus de faire d’une pierre deux coups avec cet album qui ravira les amateurs d’une musique tout autant éclectique qu’exigeante.

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