Les six nouveaux venus de Barcelone nous amènent aujourd’hui au Cinema ! Point d’images ici mais une musique qui m’a tout de suite tapé dans l’oreille. Après s’être fait la main sur un EP en 2015, Regna se décide à sortir son premier véritable album studio, Cinema donc. Le groupe se réclame d’inspirations diverses alliant notamment le prog décomplexé à l’américaine, le sombre mais attachant terroir scandinave, et sans doutes bien d’autres que je vous propose de découvrir.
« Opening Credits », un court moment musical, n’a semble t-il pas d’autre but que de nous mettre dans l’oreille les sonorités particulières d’orgue Hammond que nous entendrons tout au long de l’album. Il y a indéniablement du Uriah Heep et du Deep Purple des débuts dans « Return To … », mais avec des vocaux plutôt assagis. De l’allant et de belles lignes mélodiques en font une parfaite carte de visite pour le groupe.
« Spyglass » nous accueille avec la délicatesse d’une balade acoustique aux accents folk et puis surgit l’orgue en mode ELP avec accords vifs et syncopés. Plus loin le chant s’interrompt et l’orgue bat le rappel avec son court motif répétitif déjà entendu, pour un joli break instrumental. La conclusion reboucle sur l’intro pour terminer un superbe morceau, dont l’atmosphère me rappelle un certain Willowglass …
« Tangent » surprend par ses nombreux changements de rythmes initiés par une basse inventive dont les duos avec l’orgue sont un des plus du morceau. Je vais profiter du titre du morceau pour faire un parallèle (facile) avec le bien connu The Tangent d’Andy Tillison. Avouez qu’il y a de ça dans cette musique ! La longue coda fait un appel au piano qui donne le ton pour un final plutôt enjoué.
Avant d’aborder le long morceau de bravoure final, « Dramatis Personae » expose une calme et mélancolique mélodie, quasi monodique, aux sonorités de flûte. Le magnum opus de l’album est évidemment « Accolade » et ses 20’ qui enchainent efficacement différentes sections musicales avec nombre de passages instrumentaux, dont une section centrale d’excellente facture. La complexité musicale s’évacue progressivement dans un final en toute simplicité voix et piano. Ce grand morceau me ramène pour un temps à l’époque du « Carrying No Cross » de1979 !
Il n’y a rien de véritablement espagnol dans cet album de Regna, mais plutôt un souci de susciter (ressusciter ?) des ambiances sonores qui évoqueront chez l’auditeur une certaine nostalgie. Les amoureux de l’orgue Hammond et autres Mellotron / Moog y trouveront de bien belles choses. Si Cinema (*) s’appuie sur le passé, ses composition superbes et sophistiquées ont de l’avenir, c’est certain. Bravo aux musiciens d’avoir su, tout en nous confortant dans nos certitudes musicales, nous surprendre de bien belle manière !
(*) https://regna.bandcamp.com/album/cinema
Formation du groupe
Alejandro Dominguez : Guitare - Arturo Garcia : Basse - Miquel Gonzalez : Claviers - Marc Illa : Chant - Eric Lavado : Batterie - Xavier Martinez : Guitare