Le combo britannique PsychoYogi qui a débuté sa carrière en 2011 produit avec « Digital Vagrancy » (2021) son sixième album. Difficile de cerner la musique de PsychoYogi qui brasse avec ce dernier opus de nombreuses influences, mais principalement un prog-rock Canterbury agrémenté de-ci de-là, d’incursions jazz-rock.
Le CD débute avec « Guiding Light » et « A Dangerous Path » qui nous immergent d’entrée dans les méandres d’un rock Canterbury pur jus, le chant de Chris Ramsing surfant en beauté dans ces mélodies variées et atmosphériques, l’apport du saxo de Toby Nowell enrichit les textures de ces compositions créant un certain rapprochement stylistique avec VDGG. Même empreinte d’écriture pour « The River », mon morceau préféré, où je ressens à son écoute une évidente accointance avec l’environnement musical de Richard Sinclair (Caravan), notamment dans le chant.
Une ouverture aux nuances sombres propulse « Wonderful Place » dans une ambiance chaloupée, où les instruments se placent en minces couches successives en retrait du chant. La mélodie passe ensuite à un style plus folklorique avec quelques accents Balkans, sur des arrangements complexes, mais en conservant la mélodie de base qui effectue une sorte d’aller-retour contrasté. « Distant Bellest » une composition instrumentale jazz-rock facile à digérer, du moins pour moi, coule magnifique et légère, sur le bourdonnement de la basse, dans des paysages bucoliques, tandis que plus tourmentée « Salvation » affiche un versant plus abrupt où le chant de Chris fluctue dans certaines parties entre douceur et brutalité. « Love and Sanity » est un morceau extrêmement doux, commençant par un chant suave accompagné d’une rythmique fluide en arrière-plan, la mélodie garde un flux constant et ce n’est que parcimonieusement que la guitare puis le saxophone viennent l’effleurer.
Le pittoresque et hammillien « Much to Dream About » n’est pas forcément le remède parfait pour garder sa bonne humeur, mais il est difficile de ne pas lâcher prise avec cette mélodie légère et décalée. Le ton devient un peu plus acerbe avec « Poison Candy ». Un souffle sombre s’insinue, survolé par un chant charismatique propulsant la mélodie vers une excellente syncope et une interaction dynamique entre la section rythmique et les claviers / guitares. La musique qui en découle y est audacieusement sophistiquée et moderne. Mutations multiples pour « Innocence for Fear », un morceau aux tournures pop-rock, mais laissant le temps aux thèmes de se développer et d’explorer différentes variations. Deux courts instrumentaux mettent un point final à l’album : « Long Goodbye » au rythme régulièrement cadencé et « Frank » (uniquement interprété à la guitare) aussi simple qu’efficace.
« Digital Vagrancy » est un album doté d’une musicalité assurée, jouant du mariage heureux du rock Canterbury et d’une approche intemporelle du rock progressif. Je vous invite, une fois de plus, de mettre la main au porte-monnaie (bandcamp) pour investir dans cette belle réalisation.
Formation du groupe
Chris Ramsing : Guitare et chant - Justin Casey : Batterie et percussions - Izzy Stylish : Basse - Toby Nowell : Sax Alto, Sax Soprano et Trompette -------------- Écrit et arrangé par Chris Ramsing - Produit et mixé par Paul Gilbert - Masterisé par Dave Blackman.
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