Closure / Continuation

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(5 sur 5) / SONY MUSIC
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Rock Progressif

Personne n’y croyait plus, pas même Steven Wilson qui n’a jamais manqué une occasion d’évoquer la mort de Porcupine Tree durant les treize longues années qui ont suivies la sortie en 2009 de The Incident, alors dernier et excellent album du quatuor. Et pourtant, contre toute attente, Closure / Continuation le nouvel album du combo est aujourd’hui disponible.

Si l’on en croît Steven Wilson himself, c’est à l’épidémie de Covid que l’on doit le retour inespéré de l’arbre porc-épic. Se retrouvant avec du temps libre à ne savoir qu’en faire suite à l’annulation de sa tournée The Future Bites, le sieur Wilson véritable bourreau de travail se retrouve à fouiller dans de vieux disques durs et remet la main sur des bribes de morceaux issus des sessions de The Incident mais aussi de séances de travail informelles entre lui-même et Gavin Harrison qui se retrouvent en secret dès2012 autour d’une tasse de thé pour « jouer ensemble » sans réelle intention de composer un nouvel album. Ces nombreuses séances donnent lieu à la composition de morceaux plus ou moins aboutis qui finissent stockés sur les précieux disques durs que Steven Wilson a ressortis récemment de ses placards pour notre plus grand plaisir.

Et quel plaisir de pouvoir enfin écouter de nouveaux titres d’un des plus grands (et influents) groupes de progressif de ces vingt dernières années. Un rêve qui se réalise pour la cohorte de fans (dont je fais bien évidement parti, merci Stéphane !) d’un des rares groupes à avoir gagné son statut de légende de son vivant. 

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Si Porcupine Tree est de retour, c’est toutefois avec une différence majeure puisque Colin Edwin bassiste historique du combo a préféré décliner l’offre de ses collègues de les rejoindre. C’est donc sous forme de trio que le groupe évolue désormais.

Pendant l’hibernation du combo, ses membres ont poursuivi leurs carrières, évoluant dans des courants musicaux plus ou moins similaires à celui suivi (ou plutôt initiés) par Porcupine Tree comme c’est par exemple le cas pour Gavin Harrison dont l’implication croissante au sein de The Pineapple Thief (et en guest de luxe sur les tournées de King Crimson) ne semblait laisser que peu d’espoir quant à une réformation de Porcupine Tree. Richard Barbieri a de son côté poursuivi ses expérimentations et est l’auteur de plusieurs albums solos dont deux superbes collaborations avec Steve Hogarth. Et bien sûr Steven Wilson qui a poursuivi la carrière solo couronnée de succès que nombre d’entre vous ont probablement suivi plus ou moins assidûment.

Alors qu’en est-il de ce Closure / Continuation tant attendu ?

Il est tout d’abord important de noter que suite à la défection de Colin Edwin, c’est le patron lui-même qui s’est chargé de la quatre cordes, en plus du chant et de la guitare qui contrairement à ses déclarations récentes sur les limites de l’instrument est bien présente sur cet opus. Le fait que Steven Wilson se soit chargé de la basse a son importance dans le son de ce nouveau disque puisque en lieu et place de la basse ronde et feutrée auquel nous a habitué le sieur Edwin, on se retrouve avec une basse vrombissante et groovy comme on peut s’en rendre compte sur « Harridan » le premier titre pêchu qui annonce la couleur d’entrée de jeu, Porcupine Tree est de retour et entend bien nous le faire savoir de la plus belle des manières le long de ces huit minutes de pur bonheur metal progressif.

Un premier morceau 100% dans l’esprit de Porcupine Tree qui place la barre très haut dès ses premières notes, une barre que chaque titre de Closure / Continuation atteint pourtant avec une aisance déconcertante. Que ce soit ceux aux relents métalliques comme « Harridan », « Rats Return », « Herd Culling » réminiscences de la période « Fear of A Blank Planet » ou ceux plus mélodiques tels « Of The New Day » ou encore le majestueux « Dignity » qui développe son propos sur plus de huit minutes, tous atteignent un niveau impressionnant de qualité tant au niveau de la composition que de la production sans défauts.

Et que dire de l’expérimental « Walk The Plank » aux accents électroniques sur lequel la patte de Richard Barbieri se fait sentir à chaque instant ou de « Chimera’s Wreck » pièce maitresse de cet album dont les arpèges mélancoliques du début, qui ne sont pas sans rappeler ceux de « Transcience » sur Hand Cannot Erase finissent par se muer en un tourbillon prog faisant la part belle à la guitare de monsieur Wilson qui n’a heureusement pas dit adieu à son instrument de prédilection.

L’édition Deluxe comporte trois titres supplémentaires, « Population Three » instrumental à la structure complexe que n’aurait pas renié King Crimson, la fausse balade « Never Have » qui monte crescendo et la pop aérienne de « Love in the Past Tense » qui justifient largement l’achat de cette édition spéciale tant ils auraient largement eu leur place sur un Closure / Continuation de très haut niveau.

Chaque titre de ce disque porte en lui l’ADN de Porcupine Tree. Ce son particulier reconnaissable entre mille dû à l’alchimie qui existe entre Gavin Harrison, Richard Barbieri et Steven Wilson et qui fait que la musique de Porcupine Tree est ce qu’elle est, à savoir passionnante, étonnante, fascinante, innovante……  

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Les morceaux qui composent ce disque sont plus axés sur l’aspect progressif que ne l’était ceux de The Incident, tant dans l’esprit qu’en terme de longueur des titres (dont quatre sur dix font entre sept et près de dix minutes) et s’ils ont bénéficié d’une gestation de plus de douze années, ils n’en assurent pas moins la continuité dans la discographie d’un groupe qui loin de se reposer sur ses lauriers va de l’avant pour proposer une musique moderne mais qui n’oublie jamais ses racines.

Les musiciens sont toujours au top de leur jeu et s’amusent à brouiller les pistes en jouant sur les signatures rythmiques inhabituelles, les changements de tempos et les ambiances avec une mention spéciale à Richard Barbieri qui tisse sur cette album une toile de motifs électroniques souvent discrets mais toujours inventifs et qui donnent ces atmosphères si particulières à la musique du combo.

En sept (dix si l’on compte les trois inédits) morceaux marqués du sceau de l’éclectisme, Porcupine Tree récupère une couronne que peu de prétendants ont de toute façon la capacité de porter et on se prend à espérer que cet album soit bien une Continuation plutôt qu’une Closure tant on sent que le groupe a encore beaucoup à nous offrir.

Formation du groupe

Gavin Harrison: Batterie Richard Barbieri: Claviers Steven Wilson: Chant / Guitares / Claviers

🌍 Visiter le site de Porcupine Tree →

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Magic

Par VOYAGER X

4 sur 5

Commentaires

  1. Bon, j’imagine que je suis le 300ème à faire la remarque, mais les récentes interviews de Colin Edwin racontent une histoire bien différente de la version présentée ici, où il aurait « décliné l’offre » de ses comparses.
    Apparemment, les sessions « secrètes » Wilson-Harrison se sont étendues rapidement à Barbieri, tandis que Edwin était laissé en-dehors de manière assez délibérée. Tel qu’il le raconte, il a appris la réunion de PT indirectement seulement six mois avant la sortie de l’album, et son dernier contact avec SW aurait été un email dans lequel celui-ci lui aurait signifié que toutes les parties de basses étaient déjà enregistrées (par lui-même), et que son retour dans le groupe ne serait donc pas nécessaire. Viré par email ! On est loin du refus poli et délibéré décrit ici …

    Sinon, ce site est une mine de découverte, merci pour ce travail. Avec un petit défaut tout de même, si je peux me permettre: les critiques manquent de références. Lorsque telle ou telle anecdote ou point historique apparaît dans une critique ou une autre, on aimerait bien pouvoir trouver une source associée.

    Bon courage pour la suite, et longue vie au Prog,
    Pierre

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