Mindgames, un groupe belge de la toute fin des années 90, vous connaissez ? De mon côté, je l’ai découvert via un premier album sorti en 2002, International Daylight, publié chez Muséa. Estampillé Neo-Prog (c’est la boite de rangement pratique et automatique des groupes de cette période) sa musique me semble nettement plus relever du genre symphonique. Un album intéressant, mais moins que son successeur : Actors In A Play, et son superbe final, « Both Sides Of The Show ». Le groupe atteint là la plénitude de son style : un prog symphonique très mélodique, souvent lyrique, très inventif. Les deux albums suivants, MMX (2010) et Paradox Of Choice (2015) resteront dans la même veine. Un album tous les 4 ou 5 ans, et puis plus de nouvelles … Mais tout vient à point à qui sait attendre, et ne voilà t-il pas que débarque enfin Spirals In The Wider Space ! Du groupe originel ne subsiste que Bart Schram, dont la voix caractéristique et aisément indentifiable constitue un des marqueurs forts du groupe, et assure en quelque sorte la continuité. Maximilian von Wüllerstorff (basse) et Sandro Starita (guitare, synthés), déjà présents pour l’un sur les 2 derniers et l’autre le dernier album, et Thomas De Vriendt (batterie & percussions) complètent le quatuor. Par ailleurs il s’agit d’un album-concept dont je résume un peu abusivement le propos par : tout recommence invariablement, mais avec à chaque fois une évolution (positive), la spirale plutôt que le cercle !
« Introlude » (joli nom, peu usité) démarre sur le craquement (honni) d’un disque vinyle, enchaine sur un passage guitare acoustique et voix, suivi de quelques mots en swahili ( !), et puis passe en mode hard rock, avant de terminer sur une note plus psychédélique. Voilà un départ bien énigmatique. « Godlike Strangers » revient à un rock puissant avec un chant déclamatoire et une belle mélodie mélancolique. « Who Are You Anyway? » est envahi de sons saturés, plutôt inhabituels dans la musique du groupe. Cela donne une atmosphère pesante, qui se relâche à la mi-temps pour quelque chose de plus léger mais de pas moins inquiétant.
Prenons de l’altitude avec « High Above The Clouds », d’abord avec une jolie balade ensoleillée, puis un rock énergique qui nous propulse encore plus haut. Un court et charmant intermède acoustique, « Hunter’s Bait… », sert d’appât pour « Tears of Civilisation » dont les sonorités sont plus proches du Mindgames première époque.
« Economanico » revient vers un propos plus énergique et vers ce son nouvelle manière du groupe. Un rythme ternaire, un tempo rapide, et des sonorités arabisantes donnent un cachet très particulier à ce morceau. « A Sharp Revolution » nous vaut la présence de Frank Van Bogaert au piano, et la très belle mélodie fait évidemment penser à cet autre grand groupe belge qu’est Fish On Friday. Quant à la performance vocale de Bart Schram, elle est parfaite. Un moment très poétique. Tout aussi poétique, « Turning in Circles », déroule imperturbablement sa belle et calme mélodie.
Le court « Lion’s Fate », égrène à la guitare une étrange mélodie qui rappelle le fameux thème du Concerto d’Aranjuez, et on enchaine sur « Forever Endeavour », la pièce la plus développée de l’album : un rock bien rythmé, flirtant souvent avec le hard rock des années 70. La spirale se termine sur « A Much Better Place », un court pop-rock plutôt solaire.
Spirals In The Wider Space (*) présente le nouveau visage de Mindgames. Moins de claviers ? Certainement. Moins de développements symphoniques ? Vrai aussi. Je note aussi un chant globalement moins théâtral que sur les premiers albums. Mais les fondamentaux du groupe bruxellois sont bien là : sophistication, excellence instrumentale et vocale, un art mélodique bien affirmé et très coloré, le bon équilibre entre énergie et douceur. Si la musique peut parfois évoquer IQ, Pallas, ou Marillion (période Fish), le groupe a développé sa personnalité propre. La disponibilité des albums sur Bandcamp est une excellente nouvelle pour découvrir ce groupe original et attachant !
(*) https://mindgames-prog.bandcamp.com/album/spirals-in-the-wider-space
Formation du groupe
Sandro Starita : Guitares électriques et acoustiques, Synthés, Chœurs - Bart Schram : Chant principal et chœurs, Guitare acoustique 12 cordes, Flûte - Maximilian von Wüllerstorff : Guitare basse - Thomas De Vriendt : Batterie et percussions - Invité : - Frank Van Bogaert : piano (8)
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