Le paysage du rock progressif en Norvège est décidemment particulièrement foisonnant si on en croit le nombre de galettes en provenance du pays des fjords et des trolls chroniquées ici même ces derniers mois. On ne s’en plaindra évidemment pas ! Et voici donc un autre groupe, Meer, constitué de pas moins de huit jeunes norvégiennes et norvégiens. Au départ de l’aventure en 2008, ils n’étaient que deux, ce qui aurait probablement été un peu juste pour arriver en début 2021 avec ce « Playing House » rempli de prog symphonique / art-rock et débordant de très bonne musique ! Energie et enthousiasme c’est ce qu’on attend d’une bande de jeunes musiciens. Mais quand tout cela est au service d’un véritable sens musical, ça prend une autre ampleur ! Les idées musicales abondent et plutôt que de longs développements, le discours reste plutôt concis et on enchaîne les idées, et au bout du compte cela fait 11 pistes plus excellentes les unes que les autres.
A huit on peut faire pas mal de choses, comme par exemple avoir un couple de chanteurs principaux, utiliser des cordes (violon et alto). Le sens mélodique et de l’orchestration du groupe est à l’œuvre dès la première piste, « Picking Up The Pieces » : un thème ample au violon qui fait évidemment penser à Kansas, des vocaux superbes, un piano acoustique inventif … bref une entame parfaite ! Puisqu’on parle de piano, l’intro de « Beehive » lance la voix de Johanne, d’abord accompagnée à l’alto. Le refrain Lady Madonna, Helen of Troy …est particulièrement saisissant ! En fin de la deuxième reprise du refrain, un petit enchainement harmonique rappellera aux cinéphiles un certain Goldfinger. Morceau emblématique du style de Meer, ma piste préférée ! « All That Sea », pièce plus calme et acoustique fait entendre la voix chaleureuse de Knut.
Plus art/pop-rock, les trois pistes suivantes, moins intenses que les précédentes réservent tout de même de belle trouvailles, comme cet excellent thème aux cordes dans « You Were A Drum ». « Honey » un rien électro, ne manque pas de puissance, tandis qu’« Across The Ocean » nous offre un autre superbe moment vocal, avec un accompagnement à la guitare acoustique particulièrement joyeux. La pièce se termine de façon grandiose avec chœurs et cordes. Un vibrant appel au voyage ! Intéressant passage vocal en duo et staccato sur « She Goes ».Je ne sais pas où « Where Do We Go From Here » souhaite nous mener, en tous cas nous y allons lentement au vu du tempo (mais sûrement), le tout sous un chant calme simplement accompagné à la basse et à la guitare. « Lay It Down » … Comment ne pas se laisser porter par cette vague de fond ? Les alternances forte – piano font leur petit effet.
L’album se termine avec brio ! Sur la version dont je dispose (qui correspond au double-vinyle), nous avons une douzième piste qui se trouve être une très belle reprise de « Here I Go Again » du Whitesnake de David Coverdale ( !) Mélodies accrocheuses, des vocaux et une instrumentation inhabituellement riches, un vrai sens symphonique et un enthousiasme communicatif … Une très belle réalisation et production pour couronner l’ensemble. Bref, de quoi passer un excellent moment en compagnie de cette jeunesse norvégienne pleine d’idées et de talents… J’aime beaucoup cette Norvège ensoleillée !
Formation du groupe
Johanne Margrethe Kippersund Nesdal: chant - Knut Kippersund Nesdal: voix - Eivind Strømstad: guitare - Åsa Ree: violon - Ingvild Nordstoga Eide: alto - Ole Gjøstøl: piano - Morten Strypet: basse - Mats Lillehaug: batterie