Magick Brother & Mystic Sister

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« Magick Brother And Mystic Sister » … au concours des noms de groupe les plus long cela vaut au moins un accessit. A celui des noms rendant hommage à un passé musical déjà un peu lointain, cela vaut carrément un prix ! Je m’adresse ici aux plus de … 25 ans qui auraient le souvenir d’un album de 1969 intitulé « Magick Brother » et dont la première piste se dénomme « Mystic Sister / Magick Brother »… Il est donc clair à ce stade que nous sommes ici en présence d’une référence assumée au Gong de David Allen, sinon de son style musical, au moins de son état d’esprit.

Deux « sœurs » et deux « frères » espagnols (Barcelone) se connaissant déjà depuis quelques temps, franchissent le pas en cette année 2020 et sortent une galette assez étonnante dans un style mêlant Canterbury / musique psychédélique de premier choix avec, cela va sans dire, force claviers vintage, Mellotron, flûte, batterie jazzy. Pour vous donner une première idée, Caravan n’est pas très loin. Admirez au passage la superbe pochette de l’album !

Dès les premières notes d’« Utopia » le ton est donné, mais c’est plutôt du côté Soft Machine « Slightly All the Time » – (« Third », 1970) qu’il faut rechercher la première référence : même thème de basse dans le même tempo et la même tonalité. Plus loin flûte et vocalises prennent le relai, et une excellente accélération se fait sentir vers 2’25. Ecoutez-moi cet orgue et cette guitare, et ce styele vocal. Il y a longtemps que je n’avais pas entendu un tel son. Entame parfaite ! On ne va pas s’arrêter en si bon chemin, on enchaine sur le funky « Waterforms », tandis que « The First Light » déroule une mélodie nonchalante directement reliée aux temps premiers de Pink Floyd. Quant au style du bondissant « Yoggi Tea » et son thème à la flûte, il me donne une forte impression de l’avoir déjà entendu, mais il y a bien longtemps … quand j’écoutais Sweet Smoke « Just A Poke » !

« Arroyo del Búho » nous fait entendre un duo flûte et accompagnement de piano en style classique quelque peu hispanisant. Après une courte pause, arrive un superbe passage avec son balancement rythmique caractéristique. Que dire du rythme à 5 temps qui lance « Echoes from The Clouds » ? Avec son petit côté latin / brésilien ce morceau est un véritable joyau ! « Movement 2 » et « Love Scene » sont deux courts instrumentaux, plus en style musique de film des années 60-70, tandis que « Instructions for Judgment Visions » fait plus impro psychédélique à la flûte sur motif de basse continue. Arrivés au terme de l’album, « Les Vampires » nous gratifient à nouveau de superbes motifs vocaux et à la flûte particulièrement soignés, bien qu’assez crépusculaires. La nuit tombe, les vampires ne vont pas tarder à sortir …

Inutile de dire que j’ai adoré cet album, fait de Canterbury savamment mélangé à du prog psychédélique ancien, le tout avec les moyens techniques et musicaux de 2020. Une mention spéciale pour Eva et Maya et leur absolue maîtrise des claviers et de la flûte, le tout avec une remarquable sensibilité. Le style vocal est tout bonnement superbe ! Ce que j’apprécie particulièrement dans cette musique, c’est le parti pris de ne pas tomber dans une sorte d’intellectualisme et d’improvisations plus ou moins absconses, mais de garder un discours parfaitement intelligible et d’une grande musicalité. Bref, cet album illustre bien cette sentence de Paul Valéry : « La tradition n’est pas de refaire ce que les autres ont fait, mais de retrouver l’esprit qui a fait ces choses ». Frères et Sœurs, en cette fin d’année je vous le dis, réjouissez-vous de la musique d’Eva, Marc, Maya et Xavi !

Formation du groupe

Eva Muntada : piano, synthés, orge, Mellotron, chant - Xavi Sandoval : basse & guitares - Marc Tena : batterie, chant - Maya Fernández : flûte

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