Pour son 5ème album, le talentueux musicien anglais John Holden poursuit son propre concept de mise en musique d’histoires, lieux, situations, personnages, souvenirs … autant de prétextes à faire rebondir la musique d’un style à un autre, de changer les d’atmosphères sans crier gare. La présence de musiciens tels Peter Jones, Sally Minnear, Vikram Shankar, déjà invités sur les précédents albums, ou encore Luke Machin et John Hackett, contribuent significativement à la diversification musicale de l’ensemble. Bref, aucun risque de s’ennuyer à l’écoute de ce Proximity & Chance, qui succède à un Kintsugi haut en couleurs !
La première histoire sobrement intitulée, « 13 », évoque the Thirteen Club, né à NYC en 1880 dans le but de démystifier les superstitions engendrées par la curieuse triskaïdékaphobie. Force est de constater que cette crainte est toujours de nos jours bien ancrée dans l’inconscient occidental ! Une intro électro / hard rock met en mouvement cette pièce bien rythmée, avant que la voix aisément reconnaissable de Pete Jones ne lui donne sa substance. Très belle entame !
« The Man Who Would Be King », cette fresque ambitieuse basée sur l’oeuvre éponyme de R. Kipling, nous accueille sur un appel solennel de la trompette (Moray Macdonald). L’ambiance musicale très indienne, nous donne à entendre cette fois la voix du chanteur australien Shaun Holton. La musique incantatoire donne un sentiment de grandeur et d’éternité. Après 6’30 de sonorités hypnotiques, un riff violent nous ramène sur terre pour un passage instrumental mené par Vikram Shankar au synthé.
Un court instrumental de teinte pastorale, « A Sense Of Place », s’inspire des paysages du Pays de Galles, et la délicate flûte de John Hackett est du voyage.
Ambiance victorienne sinon sheakspearienne pour « Burnt Cork and Limelight » pour lequel la voix de Pete Jones fait merveille en survolant une musique orchestrale, véritable musique de scène à l’anglaise. Rien d’américain ici, mais la voix accompagnée par l’orchestre prend des accents de crooner. En milieu de morceau, la musique prend des accents plus dramatiques avant un retour de notre crooner favori !
« Agents » fait référence à l’affaire Skripa, thème bine peu pastoral, on en conviendra. Portée par le sax de Pete Jones et la guitare de Luke Machin, la musique est incisive, les sonorités âpres, et l’ambiance empreinte d’anxiété … fallait-il s’attendre à autre chose ?
Virage à 180 degrés pour une visite romantique à Paris, « Fini » est habité par la voix céleste de Sally Minnear qui survole un opulent orchestre. Une superbe mélodie vocale, ponctuée de quelques Adieu Paris – un peu de français était obligatoire ici -, nous réjouit l’âme !
« Proximity », ou la Planète Rouge à la lointaine époque où l’eau s’y écoulait, nous vaut un morceau purement orchestral, à la fois puissant et énigmatique, grandiose sur sa fin, bien différent du Mars guerrier et inquiétant de Gustav Holst. La transition se fait naturellement vers le morceau final, « Chance », véritable hymne à la Jon Anderson ou à la Barclay James Harvest. Si Pete Jones officie en tant que chanteur principal, il ne saurait y avoir de cantique sans les chœurs (Sally Minnear et Shaun Holton), et le solo de guitare final de Luke Machin ne fait que renforcer le côté solaire de la musique.
Avec ce nouvel opus, Proximity & Chance (*), Jon Holden nous démontre une nouvelle fois son talent de compositeur, mais aussi de metteur en scène. Il est un formidable conteur d’histoires mises en musique, avec une aisance naturelle et une imagination qui paraît sans limites. Encore faut-il donner de la cohérence à l’ensemble et transformer tous ces morceaux de verre colorés en un vitrail, et ça John Holden sait parfaitement le réaliser, c’est son ADN !
(*) https://johnholden.bandcamp.com/album/proximity-chance-2
Formation du groupe
John Holden : guitares, basse, claviers, orchestration Avec : - Dave Brons : solo de guitare (fin) (1) - John Hackett : flûte (3) - Shaun Holton : chant (2,5) - Sally Minnear : chant (6 ) - Peter Jones : chant (1,4,8), orgue (5), saxophone (5) - Moray Macdonald : trompette (2) - Luke Machin : guitare (5), solo de guitare (fin) (8) - Vikram Shankar : piano (3,4), synthé solo (2)
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