Kintsugi

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(4.4 sur 5) / Plane Groovy
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Rock Progressif

Au fil des ans et de ses albums, John Holden est devenu un indispensable de la musique progressive. Son avant dernier, Circles In Times, portait haut les couleurs d’un prog anglais rehaussé selon les morceaux de folk, de hard rock de jazz, et même de flamenco. Avant tout, John aime baser sa musique sur (liste non exhaustive) un propos, une histoire, un voyage, un souvenir, un personnage, une technologie, un fait divers … toute période de l’histoire confondues, charge à la musique de décrire au mieux l’ambiance de la mise en scène voulue par le musicien.

 « Achilles », demi-dieu légendaire de la guerre de Troie, nous vaut une première épopée, habitée par la voix de That Joe Payne. La musique reste plutôt dans des tonalités orientales un peu sombres et mélancoliques, avec une belle présence de la guitare acoustique. Et puis dans le dernier tiers, la puissante batterie d’Henry Rogers et la déchirante mélopée de la guitare de John Holden donnent un côté tragique à la musique, avant une fin plus apaisée.

Les cloches (légèrement dissonantes) de « Ringing The Changes » ornementent une balade en style folk anglais ou la voix très attachante de Sally Minnear survole ce qui ressemble à un cantique de Noël. Dès l’entame de la piste-titre, « Kintsugi », on reconnait immédiatement le timbre caractéristique de la voix de Pete Jones. Renseignement pris, le kintsugi désigne l’art japonais de réparation des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d’or. C’est bien sûr au sens imagé qu’il faut comprendre cette définition. Beaucoup de retenue et d’émotion dans cette pièce très fluide. La partie instrumentale centrale fait carrément dans le swing.

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John Holden

Place maintenant à la technologie avec le célèbre Wuppertaler Schwebebahn, le train monorail suspendu de Wuppertal, construit en 1900 et toujours en activité. « Flying Train » est une pièce musicale instrumentale à la fois aérienne et mécanique dans son traitement musical, qui donne à l’ensemble une belle dynamique (Ah, la technologie allemande !). Contrairement à ce qu’évoque le titre « Xenos », il ne s’agit pas ici d’une nouvelle évocation de la mythologie grecque mais du mot grec que l’on peut traduire simplement par étranger. Il s’agit d’un morceau plus pop rock, parfois funky, où l’on découvre la voix de Iain Hornal (10CC, ELO). Sur « Against The Tide», Pete Jones aux vocaux et au sax amène un groove indéniable à une musique rythmée et très dansante, assez R&B / funk / pop. D’ailleurs selon John Holden, ce morceau se place dans la continuité du magnifique « High Line » de l’album précédent. Décidemment j’aime beaucoup cette musique très west coast !

Musique aux accents celtiques bien affirmés pour évoquer le paysage grandiose de cette superbe crique de Nouvelle Ecosse. « Peggy’s Cove » avec son intro grandiose et la voix magique de Sally Minnear, c’est frissons garantis ! Il s’agit ici d’un souvenir de voyage de John et de sa femme Elisabeth. Moment musical intense ! (*)

La longue pièce terminale, « Building Heaven », évoque la cathédrale de Coventry, d’abord détruite pendant la dernière guerre mondiale, et bien sûr reconstruite. La musique est d’abord céleste, avec la voix de Sally Minnear accompagnée à la guitare acoustique à la flûte dans un style très genesien. Plus avant les sonorités se font sombres et inquiétantes, et vont crescendo vers un bref passage violent. Et puis, petit à petit l’espoir renait sous les traits de la guitare acoustique avant un final grandiose et lumineux qui donne à entendre Dave Bainbridge à la guitare et les chœurs réunissant l’ensemble des vocalistes de l’album.

Comme pour les albums qui le précèdent, d’un morceau à l’autre Kintsugi (**) s’affranchit du temps et de l’espace et John Holden nous fait voyager à son gré jusqu’à la note finale. On se prend facilement au jeu de ces rebonds incessants grâce à une musique parfaitement écrite et interprétée par un panel d’excellents musiciens.

(*) D’aucuns connaissent peut-être le mémorial qui y est dressé, à la mémoire des disparus du vol Swissair 111 …

(**) https://johnholden.bandcamp.com/album/kintsugi

Formation du groupe

John Holden : Guitares, Basse, Claviers, Orchestration - Dave Bainbridge : Guitare ( 8) - Iain Hornal : Chant ( 5, 8) - Peter Jones : Cha,t, Saxophone (t3, 6, 8) - Sally Minnear : Chant (3, 7, 8) - Jean Pageau : Flûte (8) - Henry Rogers : Batterie (1, 4) - Vikram Shankar : Piano & Claviers (1, 2, 4, 5) - That Joe Payne : Chant (1, 8) - Frank Van Essen : Violon, Alto, Batterie (3)

🌍 Visiter le site de John Holden →

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5 sur 5

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