Metabolé

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(4.6 sur 5) / Autoproduction
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Rock Progressif

Avec « Metabolé » je découvre le troisième album d’un groupe espagnol, Glasswork, dont je ne connaissais absolument rien. Quelques recherches et j’apprends que le groupe de Malaga tourne depuis 2013 et est parfois référencé comme Heavy Prog.

De façon pour le moins inattendue, le booklet accompagnant le CD est organisé comme une publication scientifique , voire un mémoire de thèse : « Matériels et méthodes », « Résultats », « Références bibliographiques », et 5 chapitres se répartissant les différents titres musicaux. Si je traduis correctement l’introduction, le travail présenté ici tourne autour de la tentative de montrer la nature du changement, fondamentalement dans deux sens: la différence et le déploiement, différence signifiant qu’une chose n’est pas une autre et peut être autre chose, et déploiement indiquant qu’une chose devient une autre chose. Voilà qui est digne du Tout est dans Tout, et réciproquement de l’indépassable Pierre Dac.

Côté musique, 11 titres dont 3 très courts instrumentaux. Musique assez élaborée, avec de belles surprises harmoniques et rythmiques et une richesse instrumentale  : sax, flute, clarinette, toutes sortes de guitares, voix masculine / féminine …

On démarre sur un superbe « Blackspot », rythme ternaire, vocaux lumineux et volutes de piano et de guitare. Un court passage de piano seul amène directement sur le puissant « Tales From The Cave », ou batterie et basse donnent le tempo.

« The Decision » est un petit bijou rythmique avec le balancement caractéristique de son 4+3/8, d’abord à la basse seule et puis au synthé dont l’étrange mélopée parcourt l’ensemble du morceau. « Barbarian Assimilation » est un court interlude mêlant guitare acoustique et flûte celtique, et puis .guitare et orgue dans un style jazz rock.

Avec quelques notes de guitare sur bruit de fond de foule, « Zeirrah » débouche sur une nouvelle ballade, « Song For Grace » : ligne vocale lumineuse soutenue par le sax et la guitare acoustique, avec un petit clin d’œil à Gentle Giant sur les paroles Then I entered where I did not know. Fidèle à son titre, « Solitude » se lance dans des sonorités plutôt crépusculaires, puis le son s’épaissit avec l’entrée du sax et un final tout en puissance.

« For Everyone And For No One  » débute sur une étrange mélodie polyrythmique au synthé avec un son sursaturé, presque agressif et puis arrive un passage Floydien du plus bel effet, pour un morceau globalement assez heavy au final.

Les cours bruitages de « Turmoil » lancent à vive allure « One dimensional Man » et ses passages d’orgue lorgnant du côté de Deep Purple. Petit moment de calme et très acoustique à la fin pour déboucher sur le grand final, avec les quasi 16 minutes de « Métabolé », grande suite musicale, en une brillante synthèse de tout ce qui a été entendu auparavant. Dans la première section, la voix de Laura Martinez survole un piano particulièrement inventif… un dernier accord suspendu et puis surgit une deuxième section totalement jubilatoire (déjantée ?), avec voix masculine cette fois, guitare et orgue à profusion. Dans le calme retrouvé, la troisième section fait entendre guitare acoustique et flûte. Le son s’intensifie peu à peu et on repart en mode jubilatoire avec épisodes free jazz. Couplet en langue de Cervantès sur fond musical hispanisant, un dernier soubresaut et l’affaire se termine en mode pastoral. Superbe mosaïque finale pour un album tout à fait original. Il y a du Spock’s Beard dans cette musique, s’il fallait tenter une comparaison. Pas de doute, du côté de la Costa del Sol il y a du grand talent et il y a longtemps que je n’avais entendu un album d’une telle densité musicale et d’un tel foisonnement !

PS : Grand merci à Gabriel pour m’avoir confié cet album à chroniquer ! Et petit bonjour au passage à Jipé Yoda

Formation du groupe

Batterie, percussions et chant par: Rey, Miguel Angel - Basse électrique et chœurs par: Domínguez, Fernando - Guitares acoustiques, classiques et électriques par: Galvez, Jose - claviers, flûte et choeurs par: Rodríguez, Cesar

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