Si Fragile est LE tribute band européen de YES, il est aussi l’auteur à la mi-2020 d’un premier album, « Golden Fragments », d’excellente facture. Le groupe francfortois récidive avec « Beyond » qui reprend la structure de 2 albums des années 70’ bien connus : une (très) longue piste et deux plus courtes. Une nouvelle peinture de l’américain Steve Mayerson intitulée The Prayer Pods en rajoute une couche en ce qui concerne la filiation de l’album. Car Fragile affiche sans ambiguïté aucune son attachement à YES, le revendique même ! Ce qui n’empêche pas le groupe de développer sa propre personnalité et son propre cheminement musical. En ce qui concerne la musique, les clins d’œil et les réminiscences de YES sont nombreuses, et au détour d’un passage ou d’une sonorité vous aurez l’impression de reconnaître quelque chose de déjà entendu, sans forcément bien situer la chose. Tout cela est fait avec beaucoup de subtilité et un immense talent musical.
On commence donc à gravir le plus haut sommet de l’album avec un « Beyond » de 22’ et 5 parties facilement identifiables à l’écoute. La première partie débute dans une douceur toute acoustique avant que ne surgisse le chant andersonien, porté par Max Hunt sauf erreur. Oui, OK, la référence à YES est ici plus que palpable, sans parler du style instrumental. Dans un second temps Claire Hamill prend le relais (« Sharkflight » vers 3’55) dans un style qui peut également rappeler Glass Hammer. La 3eme partie, « Dawn » (à partir de 9’50) est de pure poésie : chant céleste et piano vous portent en altitude. Vers 12’35 on débouche sur le super entrainant « The Other Side » avec son refrain lumineux encadré de passages instrumentaux. Plus entrainante encore, la dernière partie, « Flight » (16’35) est un festival pyrotechnique instrumental ou guitare et basse font un superbe boulot. En rupture rythmique totale avec ce qui précède, la coda rappellera évidemment celle sublime d’un certain « Awaken »…
« Yours And Mine », moins dense que la première piste, s’affranchit plus du modèle yessien. Encore que la phrase chantée par Claire, He’ll think the air has aged her and he’ll want set her free, vers 10’29, nous ramène clairement du côté d’« Awaken ». Avant cela la première partie de ce diptyque combine habilement de beaux passages instrumentaux et des interventions vocales pleines d’entrain. La deuxième partie se veut nettement contemplative, légère et acoustique. Le refrain entrainant de la première partie sera réentendu avant un long decrescendo. Sans vouloir à tout prix trouver des références là où il n’y a peut-être pas, le titre de la piste sonne quand même un peu comme un certain « And You And I », non ?
« The Golden Ring Of Time » débute par un superbe passage à l’orgue qui fait preuve d’une belle vivacité, que vient un instant perturber la guitare. Puis la chanson à proprement parler démarre tout en délicatesse sur un accompagnement de guitare acoustique. Après un développement de quelques minutes on rebascule en mode instrumental, l’occasion pour les instrumentistes de dérouler leur art. La coda (peu après 12’) avec un piano cristallin et la voix angélique de Claire Hamill nous propulse dans les hauteurs et/ou dans l’éternité, en mode majeur comme il se doit.
Fragile nous entraine dans les ambiances symphoniques des années 70 avec maestria et une grande inventivité musicale. Après un « Golden Fragments » qui démontrait une grande ambition musicale, « Beyond » devient l’album de référence du groupe. Fragile est en train de devenir un très grand du progressif symphonique, et les références ou emprunts à YES sont à considérer comme un véritable enrichissement du discours musical. Pas de doute, Oliver Day, Claire Hamill, Max Hunt et Russ Wilson viennent de frapper un grand coup !
Formation du groupe
Claire Hamill : Chant - Oliver Day : Guitares - Russ Wilson : Batterie & Percussion - Max Hunt : Claviers, Basse, Guitares, Percussions, Chœurs
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