Eh non, malgré le magnifique papillon en couverture, ce n’est pas le nouvel album de Barclay James harvest ou d’Iron Butterfly, mais la dernière production, un double album, de Dwiki Dharmawan. Celui-ci se nomme « Hari Ketiga », un concept en 9 actes, pour des réflexions sur notre terre vue de l’espace, une perspective lointaine qui a pour effet d’élever notre conscience environnementale et écologique.
Leonardo Pavkovic (Moonjune Records) a réuni des musiciens exceptionnels du monde entier pour improviser spontanément au studio d’enregistrement La Casa Murada en 2017. Une construction artistique à plusieurs niveaux à partir d’improvisations inspirées par de grands concepts et d’une créativité sans entraves. Pour arriver à concrétiser cette œuvre colossale de nombreux et talentueux musiciens furent conviés dont : Dharamawan (piano, piano électrique, synthétiseur, harmonium), Boris Salvoldelli (chant et effets), Markus Reuter (guitare et électronique), et Asaf Sirkis (batterie).
Dans un univers musical infiniment vaste, les mélopées improvisées, composées par nos quatre compères abordent des rencontres et des collisions. Une fusion entre la musique traditionnelle indonésienne, le rock progressif des années 70, le classique occidental, le free-jazz, les paysages sonores atmosphériques, le jazz fusion et bien plus encore.
Deux grandes fresques, l’une de 28 minutes et l’autre de 34 minutes ouvrent cette grande épopée. Le premier acte, « The Earth », se détermine par une atmosphère spatiale et électronique, qui englobe quelques moments cacophoniques, des sons improvisés qui se superposent, et, planant au dessus, la voix d’outre tombe de Boris. L’univers tarabiscoté de Hari Ketiga se construit et se définit pleinement dans cette plantureuse composition. Le deuxième acte « The Man », confirme toute l’attention et la concentration qu’il faut porter à ce genre de musique, il faut le dire, loin d’être conventionnelle. Beaucoup de superlatifs pour identifier la composition, fluidité, éloquence pour les passages les plus atmosphériques, dissonance et désordre pour les moments les plus intenses. Enfin chacun suivant sa sensibilité pourra y puiser et définir ses sensations auditives.
Pour le repos des neurones, ainsi je pourrais identifier « The Event Horizon », un troisième acte paisible, plus facilement appréhendable, électronique et sons cosmiques sont de la partie. Une mélodie calme aux angles arrondis par rapport aux deux actes précédents. Tant de volupté se sont glissées dans mes oreilles que j’appréhende l’écoute de « The Loneliness Of The Universe » le quatrième acte. Bon, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, la compo s’égrène doucement, mais étrangement, sur des rythmes fascinants, mais toujours hors des sentiers battus pour tenir mes sens en éveil. Jamais ennuyeux ou prévisible, « You’ll Never Be Alone » enveloppe l’auditeur d’un halo jazz-rock évanescent où prédomine le piano de Dwiki. Les chants folkloriques indonésiens de « The Truth – The Fact Is Done » et « The Perpetual Motion » servent de trame à l’exploration de nouveaux terrains musicaux. Et pour finir ce deuxième CD, ambiance en apesanteur, électro, voix étranges, guitares, percussions débridées pour « The Deal » et « The Memory Of Things », qui, pour ces deux dernières ne me laisserons pas un souvenir impérissable. Peut être (mon) un trop plein ?
Il est gargantuesque ce « Hari Ketiga », avec du talent, un ego contrôlé, de l’inventivité et une énergie frénétique à offrir. Il propose, et, c’est le moins que je puisse dire, quelque chose d’orignal et de non formaté. Différent de ce que fait habituellement Dwiki Dharmawan, il faut faire fi de tout apriori pour profiter pleinement de cette musique libre et créative !
Formation du groupe
DWIKI DHARMAWAN : Piano acoustique, Mini Moog, Fender Rhodes, Harmonium, voix occasionnelles et bruits ambiants - BORIS SAVOLDELLI : Voix, effets vocaux, électronique en direct - MARKUS REUTER : Guitares® AU8, Live Electronics - ASAF SIRKIS : Batterie, cymbales, bruit ambiant occasionnel avec Jeremias Pah - Voice & Sasando (piste 6) Endi Pah - Voice and Tambur (piste 6) Jonas Mooy avec Inggu Ndolu Art Group - Voices, Sasando, Gong and Tambu (track 7)
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