Pour écrire une chronique, il faut avoir une culture musicale assez large, lire beaucoup d’autres chroniques, d’interviews de l’artiste pour piocher quelques infos intéressantes, aimer écrire bien sûr et écouter l’album à chroniquer plusieurs fois afin de se faire sa propre idée, mais le meilleur outil du chroniqueur, c’est la discographie de l’artiste en question. Ses disques précédents permettent en effet bien souvent d’avoir un point de référence pour analyser l’évolution de celui-ci sur sa nouvelle galette.
Si cette manière de faire fonctionne pour à peu près tous les artistes, elle est totalement inutilisable avec Devin Townsend.
Depuis environ trente ans que le canadien est apparu sur la scène musicale, il s’évertue à brouiller les pistes à chaque nouvelle livraison, que ce soit sous son propre nom ou sous l’un de ses nombreux projets ou groupes. il est donc quasiment impossible de s’appuyer sur ses efforts précédents pour analyser un nouvel album de Mr Townsend. Comment Heavy As a Really Heavy Thing de Strapping Young Lad peut-il aider à décrire Casualty of Cool ? Comment définir Ocean Machine par rapport à Empath ?
Comme Devin l’explique, chaque album est pour lui une manière d’extérioriser ses sentiments et a pour vocation à être un cliché d’un moment ou d’une période de sa vie et celui-ci n’y fait pas exception puisque Lightwork représente le long confinement dû au Covid 19. Pour évoquer cette période, il a laissé s’exprimer les moins évidentes de ses influences, parmi lesquelles on retrouve des groupes de pop et notamment Tears For Fears.
Musicalement, cet album est donc à l’opposé des dernières productions du petit génie canadien. Loin des expérimentations du récent The Puzzle ou des errements contemplatifs de Snuggle, Devin Townsend nous livre cette fois-ci un disque qu’il a voulu simple et direct, axé sur de véritables chansons plutôt que sur l’éclectisme extrême que l’on pouvait trouver sur l’excellent Empath sans en faire totalement abstraction ainsi cet album possède deux facettes.
D’un coté, «Moonpeople », « Call Of The Void », « Vacation », « Lightworker » ou « Equinox » sont des chansons immédiates, accessibles, aux refrains aisément mémorisables. L’ensemble dégage un sentiment de sérénité et pourrait bien se frayer un chemin sur les ondes radios grâce à un coté pop très prononcé. On y retrouve tout ce qui fait l’univers de l’artiste, les arrangements symphoniques, les chœurs à foison, les touches électroniques et même quelques discrets hurlements, le tout servi par la production dense et ample que l’on doit à Garth Richardson (Ratm, Mudvayne), premier producteur extérieur à participer à un album du canadien, un ami de longue date qu’il a sollicité pour voir « ce qui ressortirais d’une telle collaboration ».
De l’autre, des titres Townsend-ien comme les sept minutes de « Heartbreaker » plus sombre et progressif sur lequel les guitares heavy font leur grand retour, « Dimensions » et ses délires sonores, ou encore les indéfinissables « Celestial Signals », « Heavy Burden » ou l’atmosphérique « children Of God »
Lightwork est un album lumineux que même les passages les plus sombres n’arrivent pas à obscurcir. On sent Devin Townsend en paix avec une partie de lui-même, paix qu’il nous transmet par le biais d’un magnifique album qui ne devrait pas décevoir ses fans et pourrait même lui en apporter de nouveaux parmi les plus curieux des auditeurs.
Formation du groupe
Devin Townsend
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Bonjour,
je dirai que pour écrire une chronique, il faut, certes, aimer écrire, écouter plusieurs fois l’album, bien sûr, mais le reste dont vous parlez me semble tout à fait vain. Pour écrire une chronique il faut surtout avoir ressenti quelque chose (en positif ou négatif, peu importe) à l’écoute du disque et avoir envie de le communiquer et donner ainsi envie au lecteur de l’écouter qu’il partage votre opinion ou non.
Passez une bonne journée.