Tiktaalika

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(3.5 sur 5) / Inside Out Music
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Métal Progressif Rock Progressif

Tout dans ce premier album solo de Charlie Griffiths (l’un des guitaristes de ‘Haken‘, groupe anglais de prog metal qui compte à son actif déjà plus de 6 albums studios et, fait pas si anecdotique que cela, est l’un des invités récurrents, cette année encore, du fameux évènement musical ‘Cruise to the Edge‘) transpire le mot « progressif ». De la pochette, d’inspiration ‘Roger Dean‘ dans une sidérante vision glaciaire, au contenu avec ces structures audacieusement alambiquées, intégrant des motifs musicaux d’univers différents et s’appuyant sur des influences multiples, dont certaines sont des références absolues en la matière, et jusqu’au concept album avec des textes parfois un peu hermétiques (référence directe aux études de paléontologie et géologie de Charlie Griffiths dans les années 90), mais qui ont le mérite de faire preuve d’originalité.

Un progressif qui certes multiplie les ambiances mais demeure fortement teinté de metal, allant même jusqu’à souvent flirter avec les éléments old school d’un metal extrême au travers de quelques parties de chant en « growl » et des accélérations pied au plancher. Des trois membres de Haken qui se sont accordés une escapade solo, ce disque est clairement le plus orienté sensations fortes. De nombreux invités participent à Tiktaalika, au rang desquels le claviériste Jordan Rudess (Dream Theater), le batteur Darby Todd (Frost, Devin Townsend) et le saxophoniste Rob Townsend (Steve Hackett). Les lignes vocales sont quant à elles réparties entre différents chanteurs, de Tommy Rogers (Between the Buried And Me) à Danïel De Jongh (Textures) en passant entre autres par Vladimir Lalić (Organised Chaos).

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Tous les éléments sont donc réunis pour augurer d’un, tout à la fois, surprenant et excellent disque. Pourtant, cela s’engage plutôt mal avec, tout d’abord, cette entrée en matière que constitue l’intro de l’album « Prehistoric Prelude » , qui dès les premiers arpèges et, tout au long des deux minutes, renvoie brutalement de manière trop prononcée à « Battery » de Metallica. « Arctic Cemetary » , le premier véritable morceau de l’album qui suit, sonne de manière trop évidente comme un mélange de Cynic dans les parties les plus calmes (sentiment renforcé par l’élément de texte « Karma coding a form mutated » qui rappelle immédiatement à ‘Ascension codes’) et de ‘Ihsahn’ dans les passages les plus agressifs (évoquant l’album ‘Arktis’). Il faut attendre le second morceau, « Luminous Beings » , pour que les influences paraissent mieux digérées, permettant au guitariste de trouver le ton juste et une coloration musicale plus authentique. Une certaine poésie émane du texte et vient sublimer cette alternance d’intonations jazz rock, dans les soli, et de riffs plombés.

Ce sentiment est confirmé avec le point d’orgue qu’est « In Alluvium » , porté par le chant impeccable de Vladimir Lalić, l’une de plus belles voix de cet album, des solos fabuleux dont cette intervention lumineuse de Jordan Rudess, et un final magnétique «Through the passage of time there must be transformation ». La tension retombe quelque peu avec « Dead in the Water » , titre plus convenu en dépit d’harmonies très ‘crimsoniennes’ et de l’intervention barrée du saxophoniste Rob Townsend. Certes la rythmique basse batterie est impressionnante et ça continue de riffer dur mais le morceau perd en subtilité ce qu’il gagne en agressivité. Sur « Digging Deeper » , Charlie Griffiths s’accorde une pause bienvenue dans cet album complexe. Des arpèges tout en émotion pour une belle parenthèse.

L’instrumental « Tiktaalika » surprend avec son riff d’ouverture presque industriel très *Voïvodien*. Le premier solo rappelle le travail d’un certain Kirk Hammett avant que l’inspiration trop évidente de King Crimson (époque ‘The Power to Believe’, disque, au passage, absolument phénoménal) ne se fasse sentir dans les passages les plus violents. Et le morceau de finir sur le passage le plus furieux de l’album, sorte de condensé de la quintessence du Trash Metal. Habile transition pour enchainer avec le titre « Crawl Walk Run » qui garde la même trajectoire metal avec une alternance de chant growl et de chant clair. Seule surprise, un solo de guitare d’influence très néoclassique qui rappelle le leg de Michael Romero (Symphony X) un guitariste que Charlie Griffiths cite volontiers comme influence majeure. C’est sur les notes du court mais très réussi  « Under Polaris » , belle synthèse de cet album, que se conclue intelligemment Tiktaalika.

Le talent et le potentiel de Charlie Griffiths sont indiscutables. Tiktaalika est une belle odyssée en guise de premier album solo, à laquelle il ne manque qu’une meilleure assimilation des diverses influences. Gageons que le prochain essai gommera ces défauts de jeunesse.

Formation du groupe

Charlie Griffiths : guitare, basse, clavier, chant - Avec : Darby Todd : batterie - Jordan Rudess : claviers - Rob Townsend : saxophone - Tommy Rogers : chant (pistes 2,9) - Daniel De Jongh : chant (pistes 3, 8) - Vladimir Lalić : chant (pistes 4,5) - Neil Purdy : chant (piste 5)

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