Lost controls

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(3.5 sur 5) / Autoproduit
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Heavy Rock Rock Progressif

Que de chemin parcouru depuis la toute première incarnation du groupe au travers du projet Slideaway de son fondateur Eric Larmier. Si les Beatles et les Rolling Stones, auxquels sont venus se superposer les ténors du hard rock seventies (Aerosmith, Deep Purple, Black Sabbath), constituent véritablement les premiers émois musicaux du chanteur guitariste, c’est la découverte de Sonny Landreth (très célèbre pour son jeu slide et la position de son bottleneck sur l’auriculaire) qui amorce profondément le premier virage musical dans le parcours du futur leader d’Aveyroad, groupe qu’il fonde en 2013. Et c’est donc très naturellement que le premier album ‘Decaze Emergencies’ (2016) se retrouve fortement teinté de blues rock. On doit le second virage musical à la découverte du travail de Steven Wilson et de son approche non conventionnelle du prog, puis à l’ouverture vers des guitaristes tels que Richie Kotzen, John Petrucci ou encore Ron Thal Bumblefoot, modifiant dès lors irrémédiablement la musique du groupe et l’enrichissant plus encore.

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Et c’est donc tout naturellement que Lost Controls nous offre aujourd’hui une formule musicale à la croisée de toutes ces influences. Une solide base heavy rock qui intègre des motifs prog avec en sus une guitare certes très orientée shredding mais qui n’en oublie pas pour autant les enseignements du blues. Et si parfois la musique peut se teinter d’accents très métal, le chant demeure foncièrement rock (en contrepied des standards du genre) et donc accessible, évitant de rebuter les non-initiés et brouillant encore plus les cartes. Et il est certain que cette diversité dans la musique d’Aveyroad a encore été renforcée de par les influences apportées par les nouveaux membres que sont Ludovic Pottier (batterie, très influencé par des groupes tels que Dream Theater ou Metallica, un apport précieux permettant au groupe de gagner l’assise comme la frappe que requiert cette nouvelle orientation musicale) et Antoine Muller (claviers, de formation classique et très féru d’électro) venus compléter le groupe ces dernières années, Pierre Laurens (basse, aux influences post punk et qui, avec Ludovic, offre à Aveyroad une rythmique solide) demeurant le seul rescapé aux côtés d’Eric Larmier du line-up qui enregistra le premier effort studio du combo. A noter la maitrise de l’anglais qui est rarement le fort des groupes français et qui fait ici la différence.

« Burn my wings » qui ouvre l’album met les pendules à l’heure. Un plein d’énergie pour un décollage immédiat sur un léger fond de claviers néo-prog qui donne la pleine mesure de ce qu’est devenu Aveyroad. Et le solo de guitare enflammé qui magnifie le morceau achève d’illustrer à merveille le virage pris par le groupe. Les refrains sont soignés et chaque écoute les rend encore plus accrocheurs. La puissance et un certain sens de l’efficacité caractérisent cet album. Jusqu’à le teinter de NWOBHM sur « Lightening » avec ces ruptures de rythme et cette cavalcade toute aussi effrénée que jouissive. La touche prog rock se retrouve dans les interventions lumineuses de la guitare, comme sur l’envolée précédent le solo de « But it’s all right » ou sur le solo de « Discarded« . Mais deux morceaux amplifient plus particulièrement la dimension progressive. Tout d’abord « Lost controls » qui, après un démarrage de facture plus classique prend soudainement une nouvelle tournure. Très mélodieux et avec de magnifiques harmonies, comme sur le passage ‘ I am waking up in the middle of my dream. There’s no back-up. And we’re dying in a burning stream ‘, qui participent à la mise en relief du thème du réchauffement climatique abordé sur le morceau. Jusqu’à un final quasi prog metal appuyé par un solo épique. Et ensuite le morceau « To an end« , qui clôture l’album, sans aucun doute le plus sombre de Lost controls qui comme son titre l’indique propose une vision apocalyptique de notre futur sur cette fragile planète bleue. Cette composition, qui s’appuie sur des sonorités de claviers qui évoquent « Repentance » de Dream Theater, touche irrésistiblement au cœur, nostalgie de ce qui un jour ne sera plus ‘ There were better days, but it’s all gone. We’re burning in hell for what we have done ‘.

Et puis de temps à autre, Aveyroad se plait à intégrer des motifs surprenants dans sa musique, en témoigne ce soudain break jazzy sur « Mask Generation » ou le parfum de rock anglais britpop qui flotte sur « What now » avant que le claviériste ne plante un inspiré solo époque Doors. Et si la musique du groupe intègre des éléments blues c’est vraiment sur le titre « My friend » qu’Eric, qui demeure le principal compositeur du groupe à ce jour, revient à ses premiers amours et, passé un riff d’ouverture bien gras, prend la tangente vers un blues rock authentique. Tout autant d’éléments qui nous laissent à penser qu’Aveyroad n’a pas encore complètement achevé sa mue et que, nonobstant ce brillant album, a le line-up idéal pour aller encore plus loin. Alors, « What now » ? La suite bien sûr!

Formation du groupe

Pierre Laurens : Basse - Ludovic Pottier : Batterie, chœurs ( solo de guitare sur le final de 'To an End', piano sur 'My Friend') - Antoine Muller : Claviers - Eric Larmier : Guitares et chant - Avec : Hervé Cavelier : Violon sur 'Discarded - Celine Massol : Chœurs sur 'Mask Generation'

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