The Spaghetti Epic 4

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(4.5 sur 5) / Seacrest Oy
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Rock Progressif

Pour commencer, un peu d’histoire, pas à propos des westerns dits spaghetti dont tout le monde a évidemment entendu parler, mais bien de la série d’album dont nous avons ici la 4eme livraison. C’est vrai que le lien entre le western à l’italienne, fût-il mis en musique par un Enio Morricone, et le rock progressif n’est pas immédiat. En fait le lien se fait en 2004 lorsque le label français Musea et le journal finlandais Colossus décident de poursuivre ce qu’ils avaient déjà amorcé : réaliser des suites musicales thématiques, confiées à de nombreux groupes de la scène prog. La série des Spaghetti Epic (3 albums en 2004, 2007 et 2009), verra ainsi aux manettes des Tilion, Taproban, Little Tragedies, La Voce del Vento (composé en réalité de Guy Manning et d’Andy Tillison) … Ce n’est pas moins de 12 longues musicales qui verront le jour, avant que les TSOP ne s’emparent à leur tour du concept. D’ailleurs, c’est Marco Bernard qui a produit ces premiers albums.

Au fil du temps et des sorties musicales les Samurai sont devenus de vrais spécialistes de la musique à programme autour d’un thème unificateur, mais dont la composition et la réalisation instrumentale / vocale sont confiées à un grand nombre de musiciens, les Usual Suspects comme j’aime à les qualifier. On ne sera donc pas étonné d’entre ici un prog symphonique sonnant un peu plus country qu’à l’habitude, avec bien sûr de nombreux clins d’œil à la musique de Morricone.

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Pas de longue suite musicale pour commencer, « Dead Or Alive », composé par Marco Grieco se décompose néanmoins en 2 parties instrumentales, toutes deux emblématiques du style musique pour western.

Première des 2 suites de l’album, « Mira al Cuore », composée par Mimmo Ferri, chantée en italien par Tommaso Fichele, est une véritable bande-son en 6 parties et un festival d’effets instrumentaux (notamment le violon d’Adam Diderrich) qui décrivent l’ambiance des 6 scènes : La grotte, L’appel de la vengeance, Un coup de tonnerre, La bataille finale, La mort de Ramon, Pour une poignée de dollars. Après la fureur intrumentale et vocale de Lo scontro finale, place à La morte de Ramon qui débute dans une étrange atmosphère atonale et déstructurée, avant la mise en place d’une musique plutôt néo-classique. Un air de trompette (Marc Papeghin) particulièrement chantant nous emmène sur la conclusion. Il ne manque que les images !

Pour les 20’ de « La Resa dei Conti », un autre grand musicien italien prend le relai : Alessandro di Benedetti. Un court et calme prologue instrumental (Epilogo), nous amène sur le savoureux La Rapina. Quelques accords de piano et surgit un thème qu’on identifie immédiatement à une bande-son de western. Le chant, toujours en italien, est porté cette fois par Stefano Galifi. Comme à son habitude Alessandro peuple son discours de savoureux traits pianistiques. En milieu de morceau, un long développement instrumental très acoustique et habité par la flûte de Sara Traficante, nous amène sur La Prigione, à nouveau haut en couleur. On appréciera le solo de guitare de Marcel Singor qui tire de superbes accents de sa guitare, qui pour l’occasion sonne comme un violon ! La conclusion, à nouveau instrumentale, débute sur de calmes accords de piano avant une nette accélération de tempo et une dernière prouesse mélodique à l’orgue.

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Les westerns spaghettis sont une affaire trop sérieuse pour les laisser uniquement aux mains des italiens (J), d’autant que j’apprends en lisant le livret qui accompagne le CD que les films en question étaient très souvent tournés en Espagne ! C’est ici qu’intervient Rafael Pacha, l’éminent musicien de Cordoue, qui nous propose ici une de ces ritournelles d’inspiration folklorique dont il a le secret. Les 8‘ de « Snakebite » sont un régal du genre. Une intro très blues à la guitare acoustique et un superbe mouvement de danse bien rythmée se met en place, délicieusement souligné par le banjo.

La pièce pour piano solo de David Myers est devenue un incontournable des albums des TSOP. Il fait ici superbement valser des écureuils (« The Fabulous Felipe and His Dancing Squirrels »). Les écureuils en question, d’après ce que je vois sur l’illustration de la pochette, ne sont pas de l’espèce qui grimpe aux arbres !

Marco Grieco avait ouvert le bal, il conclut l’album avec un « High Noon » d’abord énergique (grâce au jeu de basse virtuose de Marco Bernard et au rythme puissant dan la batterie de Kimmo Pörsti), avant de nous faire rêver sur un petit air d’accordéon. Le bruit caractéristique du train à vapeur au tout début évoque sans doute le film éponyme connu chez nous sous le titre Le train sifflera trois fois. En milieu de morceau la cloche sonne les 12 coups de midi. A la fin c’est l’orgue d’église qui vient accompagner un nouveau trait de basse virtuose.

Les illustrations d’Ed Unitky complètent à merveille une musique symphonique aux accents inhabituels, véritable musique de film très descriptive (on a l’impression d’y être !). On reste fidèle à l’esprit des compositeurs italiens (Morricone, mais aussi bien d’autres) dont les bandes-sons se différenciaient de celles des westerns traditionnels en utilisant des thèmes très marqués, tour à tour entrainants, menaçants, humoristiques, souvent très amples et lyriques. Bref, un style très particulier et reconnaissable entre mille que les TSOP s’approprient avec une belle aisance instrumentale et la qualité d’écriture qu’on leur connait.

Si j’en crois la dernière page du livret de l’album, la prochaine aventure du collectif se déroulera bien loin du désert de Tabernas dans la région d’Almeria où étaient tournés ces fameux westerns à l’italienne. En attendant, tâchons de ne pas nous prendre en balle perdue !

Formation du groupe

Marco Bernard : basses Shuker - - Kimmo Pörsti : batterie & percussions - Avec: - Tommaso Fichele (chant) - Stefano Galifi (chant) - Juhani Nisula (guitare électrique) - Marcel Singor (guitare électrique) - Rafael Pacha (claviers, guitares acoustiques et électriques) - Marco Grieco (claviers, guitares acoustiques et électriques, effets sonores) - Alessandro Di Benedetti (claviers) - Mimmo Ferri (claviers, guitares électriques, dulcimer, alto braguesa) -David Myers (piano) - Beatrice Birardi (glockenspiel, cloches tubulaires, percussions personnalisées "G. Tamborrino") - Adam Diderrich (violon) - Sara Traficante (flûte) - Marc Papeghin (trompette)

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