Professor Tip Top - Lanes of Time

Professor Tip Top est-il toujours tip top ? Oui, je sais, c’est trop facile, mais bon, je n’ai pas pu m’en empêcher. Revenons à nos moutons, et plus sérieusement, le Professor Tip Top a produit, comme à son habitude, avec « Lanes of Time » un album léger et aéré, qui est tout simplement un plaisir à écouter. L’album regorge d’harmonies et de mélodies superbement troussées. Leur 7e production en 10 ans d’existence, et le 2ème avec la chanteuse/claviériste d’origine allemande Sonja Otto.

Dès l’ouverture avec le titre éponyme « Lanes of Time » il se dégage une ambiance aérienne, douce, et dès que le chant de Sonja et ses harmonies vocales entrent en jeu, on se dit que l’on est parti pour quelque chose de vraiment fort et d’intemporel. Le groupe place avec habileté la bonne ambiance et, à juste titre, ne fait pas tout pour impressionner l’auditeur avec des clowneries techniques excessives. Les aficionados d’un rock progressif vintage seront ravis de la présence d’atmosphères planantes typées Floyd et de solos de guitare à la Gilmour ajoutant une touche de nostalgie à chacune des compositions.

« Falling Into the Sun » perpétue les bonnes recettes d’antan, des ingrédients connus, les claviers tour à tour planants et rutilants, des guitares rarement agressives, un chant aérien et mélancolique et c’est bien dans ces moments-là que l’on préfère l’héritage du passé à la nouveauté. Le space rock instrumental « The Sound of Protonflow » s’adresse à ceux qui affectionnent Alan Parson, il nous fait glisser gentiment vers « Isle of Sirens », le titre le plus long de l’opus (6:42min) et à mon avis le plus jouissif de l’album. Amateurs de belles mélodies, cette composition est pour vous, avec un début musical légèrement grave passant rapidement la main au chant suave de Sonja, ensuite les tempos s’entrecoupent et changent tout au long des minutes, et malgré la durée, la mélodie ne semble jamais traîner. Un mix de folk/médiéval et planant à la Floyd imprègne « The Quest Remains », le thème musical est magistral passant de l’acoustique à l’électrique et vice-versa, transcendé par les soli de guitare et d’orgue, amples, puissants, mais évocateurs, magnifique !

Et ce n’est pas fini, l’aérien et ouaté « Shining », toujours tendance Floyd, du moins dans l’expression de sa guitare, nous conduit sur des versants méditatifs où chœurs féminins et mélodie relaxante nous enrobent d’une aura bienfaisante. Mais patatras ! Arrive le cacophonique et cosmique « Past Forever » qui casse l’ambiance si précieuse mise en place depuis le début, pourquoi ont-ils fait ça ? J’étais si bien lové dans mon petit cocon ! Je respecte la volonté du Professor quant à l’organisation du concept, des titres et de leur contenu musical, mais là je vais être obligé de zapper chaque fois les 3:42min de ce ‘Past Forever’, c’est vraiment dommage ! Heureusement « Shallow Shadow » reprend le fil conducteur où nous avait laissé ‘Shining’, avec son rythme lent, lourd et obsédant, ponctué en arrière-plan par un synthé au son vintage, des breaks inspirés jalonnés de soli de guitare et d’orgue de toute beauté. Un court et évanescent « Time Is » met un point final à l’opus.

L’ensemble de « Lanes of Time » renoue avec un rock progressif traditionnel et rétro, un héritage revendiqué haut et fort et totalement assumé par le groupe de Bergen (Norvège). Peut-être pas le meilleur album du Professor Tip Top, mais une belle synthèse de son savoir-faire bâti au fil du temps !