Ellesmere est le nom de code du projet musical de Roberto Vitelli, qui œuvre habituellement dans le célèbre groupe transalpin Taproban. Pour ce faire Roberto s’entoure d’excellents musiciens. Ainsi on a pu noter entre de nombreux autres, Anthony Philipps et John Hackett dans le délicat et pastoral « Les Châteaux de la Loire », Marco Bernard dans le symphonique « From Sea And Beyond », et Tomas Bodin et David Cross pour le 3eme opus dont il est question ici, à savoir « Wyrd ».
La musique d’Ellesmere est bien sûr influencée par Genesis, sans doute Anthony Philipps, probablement ELP et Kansas ou The Flower Kings, mais avec son lyrisme elle participe aussi largement du rock progressif italien (RPI pour les connaisseurs). Au passage j’avais adoré le précédent « From Sea And Beyond », et particulièrement sa dernière piste « Time, Life Again ». Tout ça pour dire que quand l’annonce de la sortie imminente de « Wyrd » est parue, j’ai immédiatement saisi la DGPC (Direction Générale de ProgCritique) pour lui demander dans sa haute bienveillance de me confier cet album ! L’illustration du CD réalisée par le génial Rodney Matthews n’a fait que renforcer cette envie. Quant au titre de l’album, le Wyrd est la représentation du destin dans la mythologie nordique. Si j’ai bien compris il s’agit d’une sorte d’éther peuplé de fils tissés par les Nornes, déesses du destin vivant sous la protection du grand arbre Yggdrasil.
La première piste, « Challenge », débute avec un piano néo-classique et de douces harmonies . Un deuxième thème puissant et bien rythmé à la basse, entrecoupé de soli de violon et de synthé, nous plonge dans le style RPI. Survient un passage avec vocaux que je qualifierais de céleste avec son lyrisme, sa tonalité majeure, et les cloches ! Plus loin on enchaine sans coupure sur le sombre « The Eery Minor », et ses sonorités à la ELP. La fin révèle quelques passages plus mélodieux mais on revient vite à l’atmosphère un peu déjantée du début ponctuée par la flûte de John Hackett. De nouveau sans coupure on passe à « Endeavour » qui renoue avec les vocaux. On y entend aussi de délicats arpèges de guitare, une partie de batterie bien syncopée et puis arrive un orgue Hammond assez péremptoire qui lance un passage plutôt free jazz avec sax. Et puis on termine sur des harmonies calmes et grandioses survolées par la guitare électrique. La lumière triomphe !
« Ajar » se lance dans une longue intro instrumentale, un peu pompeuse à mon goût, mais vers 3’ arrive un passage avec vocaux plus intéressant mélodiquement et harmoniquement. On repart en instrumental pour une conclusion dominée par la basse et le sax. Le long mais pas interminable « Endless » développe lui aussi une entrée grandiose avec un thème épique porté par des claviers et une basse puissants. Flûte et sax surnagent de temps à autre et puis vers 7’ on passe à un motif plus léger et chantant, qui s’intensifie peu à peu – à noter l’excellent travail de la batterie. Vers 11’ nouvelle transition vers un monde sonore totalement différent, façon Jean-Michel Jarre, et un ultime sol sous-grave et à vide vient sonner une étrange fin.
Un son moderne, essentiellement instrumental, mais directement inspiré des seventies, et un fort héritage RPI (la voix italienne en moins), des claviers complexes et grandioses, quelques intéressants intermèdes avec flûte, sax, guitare donnant à l’occasion quelques couleurs jazz rock … voilà ce qu’on peut dire de l’excellent « Wyrd ». Et bien sûr, 100% d’accord avec Roberto Vitelli quand il dit « espérer que Wyrd n’est pas un point final mais juste un passage vers de nouvelles contrées inexplorées » !
Formation du groupe
Roberto Vitelli : basse, guitares, pédales basse - - Fabio Bonuglia : claviers - - Mattias Olsson : batterie -- Avec: - Tony Pagliuca : claviers - Tomas Bodin : claviers - Fabio Liberatori : claviers - David Jackson : saxophone - David Cross : violon - John Hackett : flûte - Luciano Regoli : chant - Giorgio Pizzala : chant