The Wood Demons - Angels Of Peckham Rye

The Wood Demons, voilà un groupe probablement peu connu des progers français… Après un 1^er album / EP en 2017 («The Lost Domain »), voilà que débarque en fin 2020 « Angels Of Peckham Rye », intitulé d’après William Blake qui, alors qu’il était âgé de 8 ans, a eu la vision d’anges sur un arbre alors qu’il déambulait dans Peckham Rye (Londres). Nous y reviendrons. Inutile de préciser que The Wood Demons proposent une musique bien anglaise, avec ce que cela suppose de sonorités à la Floyd ou King Crimson, sans oublier le côté pastoral d’un Genesis de la première moitié des années 70. Bref, j’ai accroché immédiatement à cette musique !

Avec « Arithmomania » vous apprendrez à compter en anglais et en musique ! En fait cette piste fait référence au célèbre symphoniste (et organiste) autrichien Anton Bruckner qui souffrait d’une névrose doctement appelée comptomanie. Cette première piste alterne habilement les passages comptés avec ce côté obsessionnel avec des atmosphères acoustiques du plus bel effet ! On découvre dans cette piste les premières incursions au violon électrique de Naomi Belshaw. Superbe entrée en matière ! « The Odd Particle », totalement instrumental, démarre sur un rythme de basse tout à fait intéressant, et qui débouche sur un thème ample soutenu à la guitare. Je ne sais à quel étrange boson ou fermion on fait ici référence, mais voilà encore un discours musical bien mené sur cette rythmique obsédante, bien soutenue par les autres instruments, dont encore une fois le violon.

« Big Game Fishing » a tout d’une ballade sur un air populaire, avec les vocaux en duo (superbe voix de Simon Carbery) et la guitare acoustique. Après un début un peu mélancolique, les harmonies s’éclaircissent pour un court moment vers le milieu pour repartir et terminer sur les sonorités du début. D’ailleurs un court enchainement harmonique (2’30) m’a évoqué le même enchainement dans un certain « Us And Them » de 1973. Tout autre est « Starstruck » qui fleure bon le hard rock à la Deep Purple avec riffs de sax ajoutés. Et puis tout change de façon abrupte peu après 3’ pour un intermède pastoral à souhait avec sa guitare acoustique, flûte et claviers mellotronesques… jusqu’à la dernière minute et son inflation de décibels !

Nouveau saisissant contraste avec le duo Rick Startin (synthés) / Naomi Belshaw sur le désincarné et New Age « Interminable Beige Thing » … qui ne dure même pas 3 minutes. J’en aurais bien pris un peu plus … Il s’agit sans doute de la chose interminable la plus rapide qu’on ait vue ! Bon, d’accord elle est beige. Nous voilà arrivés au titre éponyme. Rappelons ici la vision de Blake : un arbre rempli d’anges, ailes angéliques brillantes ornant chaque branche comme des étoiles. La vision musicale développée ici est fort différente du « Visions Of Angels » de Genesis. Sans être sombre, la musique évolue quasi constamment dans les tons mineurs. L’intro au violon avec ses tournures orientales donnent le ton. Plus tard ce même thème fera entendre un très bel unisson guitare / violon. A nouveau une excellente section rythmique avec la basse de John Silve et la batterie d’Ed Kontargyris. Un accord majeur plutôt inattendu et libérateur vient rompre un ultime unisson basse / violon. Superbe morceau !

« All Heaven’s Breaking Loose », après une intro qui ne nous dit aucunement vers où la musique va évoluer, lance soudainement … un bon vieux rock à la Stones ou Aerosmith ! Avec toujours ce violon, qui lui donne un petit côté rock sudiste d’excellente facture et totalement décomplexé. Bravo !

Après un prometteur « The Lost Domain », The Wood Demons ont atteint une maturité musicale indéniable et montrent ici l’étendue de leur palette sonore et de leur talent. Voilà des musiciens qui ont de vraies idées originales et qui savent les décliner en musique en autant de styles et d’atmosphères, avec un sens du contraste peu commun. Finalement qui nous parle le mieux des Anges si ce ne sont les Démons ?

Formation du groupe

Simon Carbery : Chant, guitares - Rick Startin : Claviers, guitares, chœurs - John Silve : Basse - Naomi Belshaw : Violon électrique - Ed Kontargyris : Batterie - Avec: Valentina Monsurro: Batterie (3) - Michael Wilkins: Sax (4)

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